Depuis plus de 40 ans, le navire de recherche le plus connu d’Allemagne, le brise-glace « Polarstern », accomplit avec fiabilité et fidélité son service en Arctique et en Antarctique. Mais aujourd’hui, la durée de vie du brise-glace de recherche bleu et blanc touche lentement à sa fin. Depuis plus de dix ans, l’Institut Alfred Wegener pour la recherche marine et polaire (AWI) prévoit de faire construire son successeur. Ces plans peuvent finalement se concrétiser.
Vendredi dernier, le 3 juin, juste avant la Pentecôte, le Bundestag allemand a officiellement adopté le budget 2022 et, par conséquent, les 2 millions d’euros supplémentaires destinés à la procédure d’octroi pour la construction du nouveau brise-glace de recherche. Le ministère fédéral allemand de l’Éducation et de la Recherche (BMBF) vient de donner officiellement son accord à l’AWI pour lancer l’appel d’offres pour le nouveau brise-glace de recherche. Le nouveau navire deviendra ainsi une réalité et devrait être prêt d’ici 2027 à maintenir au plus haut niveau la recherche polaire allemande, qui est un élément essentiel des efforts internationaux pour comprendre l’Arctique et l’Antarctique.
Pour l’AWI, cette décision est la concrétisation d’un rêve de longue date et devrait permettre de faire avancer la recherche polaire allemande. « L’objectif du projet de nouvelle construction est très clair : nous voulons construire un navire de recherche qui, comme son prédécesseur, offre une base à la science internationale et donne la possibilité de prendre le pouls de notre planète dans les environnements les plus extrêmes du monde », explique la professeure Antje Boetius, directrice de l’AWI, dans un communiqué de presse. « Dans ce contexte, le nouveau navire est également une contribution internationale importante de l’Allemagne à la Décennie pour les sciences océaniques au service du développement durable, afin d’atteindre les objectifs mondiaux de durabilité de l’Agenda 2030 des Nations unies. De plus, grâce à un équipement ultramoderne et à une technique respectueuse du climat, le nouveau « Polarstern » devrait devenir un ambassadeur de la durabilité dans la navigation ».
Les responsables politiques allemands ont également reconnu l’importance de la construction d’une nouvelle plateforme de recherche prometteuse pour l’Allemagne. La ministre du BMBF Bettina Stark-Witzinger déclare à ce sujet : « Les régions polaires sont un système d’alerte précoce quant aux conséquences du changement climatique. Elles nous permettent de voir en profondeur l’avenir de notre climat et de notre météo. Il est donc d’une importance existentielle que nous comprenions mieux ce qui se passe aux pôles. Car une bonne recherche climatique est la base d’une meilleure protection du climat. En tant que navire de recherche performant et durable, le « Polarstern II » apportera une contribution importante à cet égard ».
En décidant que la procédure d’adjudication pour la construction peut maintenant commencer, l’AWI a également dévoilé d’autres informations sur le nouveau brise-glace de recherche. Le navire devrait ainsi fournir une capacité de brise-glace encore plus élevée qu’auparavant, avoir la capacité d’hiverner dans le pack, être équipé d’un « moonpool » (une zone protégée dans la coque pour l’utilisation de robots de plongée) et être conçu pour une durée d’exploitation d’au moins 30 ans. « Nous avons besoin d’un navire performant qui puisse être utilisé dans toutes les conditions de glace en Arctique et en Antarctique, et qui permette aux scientifiques de fournir des observations et des données sur les régions les plus touchées par le changement climatique », explique la professeure Antje Boetius à ce sujet.
En matière de durabilité, le navire devra également poser de nouveaux jalons dans la recherche allemande. Les émissions d’oxyde d’azote et de particules de suie doivent être réduites au minimum, grâce à l’installation de systèmes de post-traitement des gaz d’échappement et de filtres à particules. De même, des matériaux écologiques et durables doivent être utilisés pour la construction et un fonctionnement efficace en termes d’énergie, sûr et fiable doit être assuré. Un groupe de projet de l’AWI, dirigé par l’ingénieur Detlef Wilde, a été chargé de coordonner la conduite des travaux. « Nous voulons franchir la barre et livrer à la science, avec le « Polarstern II », un navire moderne, performant et durable, et donc un successeur plus que digne », déclare l’ingénieur à propos du nouveau navire. L’octroi fait l’objet d’un appel d’offres européen. « Nous inviterons les candidats appropriés à soumettre une offre une fois que la procédure de participation aura été menée à bien. Une fois la procédure d’appel d’offres terminée et le marché attribué, le travail devrait commencer sur le chantier naval sélectionné en 2023 ». Selon les plans de l’AWI, le coup d’envoi de l’opération devrait être donné en 2027. D’ici là, ce bon vieux « Polarstern » continuera de sillonner l’immensité des océans Arctique et Austral à la recherche d’informations polaires.
Image de contribution : (C) Mario Hoppmann
Dr. Michael Wenger, PolarJournal
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