Les Nunavummiut peuvent s’attendre à ressentir les effets d’une pénurie mondiale de professionnels de la santé cet été, lorsque 12 des 25 communautés du Nunavut verront une réduction de leurs services qui, dans certains cas, pourra aller jusqu’à la fermeture complète du dispensaire local pendant plusieurs semaines, de juin à septembre.
Les réductions de services interviennent à un moment où le Nunavut, selon les autorités sanitaires territoriales, a du mal à retenir ses travailleurs de la santé, tout en devant rivaliser avec d’autres juridictions canadiennes pour attirer de nouveaux travailleurs de santé. Le territoire est donc déjà confronté à une pénurie de personnel de santé qui a laissé la moitié des postes d’infirmières vacants. La situation est particulièrement difficile pendant l’été, lorsque les autorités sanitaires doivent trouver des travailleurs temporaires pour remplacer le personnel en congé.
Le pays connaissant une pénurie de ce type de travailleurs, le territoire indique qu’il faut s’attendre à des réductions de service pendant tout l’été et pour la deuxième année consécutive. « Je comprends l’importance des centres de santé », a déclaré John Main, le ministre de la santé, lors de la session du 13 juin de l’assemblée législative. « Je regrette vraiment que cela se produise. C’est le manque d’infirmières. »
L’année dernière, deux centres ont fermé complètement pendant l’été et huit n’ont fourni que des services réduits. Bien que d’autres centres soient susceptibles d’être touchés cette année, leur nombre définitif et leur localisation – ainsi que les conséquences des réductions – ne seront pas connus tant que le ministère de la santé n’aura pas finalisé un plan d’urgence qui, il l’espère, permettra à certains des centres figurant sur sa liste de continuer à fournir un certain niveau de soins. « Nous avons des ressources supplémentaires à consacrer à ces communautés », a déclaré M. Main. « Nous avons mis en place des plans pour continuer à essayer de répondre aux besoins, même en cas de fermeture complète.
Comme l’année dernière, l’un des éléments du plan d’urgence consistera à poster deux auxiliaires médicaux dans les communautés afin qu’ils puissent répondre aux urgences et fournir des services de santé d’urgence. D’autres possibilités pourraient permettre au territoire d’éviter ou de limiter les fermetures totales pendant toute la période : relocalisation temporaire du personnel, soutien virtuel fourni par des professionnels de la santé d’autres juridictions et cliniques occasionnelles dotées de médecins et d’infirmières envoyés par avion. Le territoire recrute aussi « agressivement » des infirmières temporaires en proposant, par exemple, de payer les frais de voyage des compagnons ou compagnes des infirmières qui ont choisi de travailler dans une communauté pendant l’été.
De tels programmes ont fonctionné par le passé, mais pour éviter les fermetures l’année prochaine, il faudra pourvoir les postes vacants. Selon M. Main, dans la plupart des cas, la rémunération n’est pas la raison pour laquelle les infirmières quittent le territoire à l’expiration de leur contrat. « Les infirmières ont traversé une période trop difficile. Les communautés se sont considérablement développées et, en tant que ministère de la santé, nous devons nous projeter dans l’avenir, à plus long terme, pour essayer de maîtriser réellement la charge de travail à laquelle notre personnel est confronté dans certaines de ces communautés ».
Selon lui, cela impliquerait de recruter du personnel supplémentaire pour essayer de répartir la charge de travail afin de prévenir l’épuisement professionnel et de conserver le personnel. « C’est, je crois, la racine du problème, ainsi qu’une pénurie mondiale de professionnels de la santé. Ironiquement, c’est la même réponse que M. Main a reçue en 2018 lorsqu’il a demandé à son prédécesseur, alors qu’il était député de base à l’Assemblée législative, comment le département de la santé allait s’attaquer à ses problèmes « chroniques » de personnel. C’est une condition dont les Nunavummiut espèrent que leur successeur n’héritera pas.
Kevin McGwin, PolarJournal
Image : Dr Michael Wenger
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