La construction de brise-glaces est généralement laissée aux pays arctiques en raison de leur expérience et de leurs capacités techniques. Cependant, certains pays ne veulent plus laisser cette tâche techniquement exigeante à d’autres, et la prennent désormais en main. Le Chili, qui a fait les gros titres il y a deux ans avec le projet « Antarctica-1 », en fait partie. Le projet prévoit la construction de son propre brise-glace, le premier en Amérique latine. Entre-temps, la construction est bien avancée, comme le confirment le chantier naval et la marine chilienne.
Selon le chantier naval ASMAR de Talcahuano, la construction du navire est désormais avancée à 60% et pourrait être mis à l’eau entre décembre 2022 et janvier 2023. « Nous espérons pouvoir terminer l’installation des blocs, poursuivre l’installation des systèmes et achever les zones d’habitation dans les prochains mois. La prochaine étape importante sera la mise à l’eau de la coque », explique Jaime Sotomayor Bustamante, le directeur d’ASMAR.
La construction du brise-glace a certes commencé en 2018, mais elle a été retardée, principalement en raison de la pandémie. A l’origine, le navire aurait dû partir en direction de l’Antarctique dès 2023. Le nouveau planning prévoit désormais l’installation des systèmes et des essais en décembre 2023. La première mission du navire devrait se faire sur la saison antarctique 2024/25. Comme la construction du brise-glace doit souligner les ambitions du Chili en Antarctique en étant construite de manière autonome au Chili, elle est suivie de près et soutenue par le gouvernement. Pour le chantier naval, cette construction est à ce jour la plus complexe et la plus importante de son histoire et constitue également un projet prestigieux. Il s’agit en effet du premier brise-glace construit en Amérique latine.
Le nouveau brise-glace remplacera le brise-glace Almirante Oscar Viel actuellement en service. En effet, ce navire garde-côte, construit à l’origine au Canada, est aujourd’hui arrivé en fin de vie, à 53 ans. Depuis 1995, il a assuré son service, approvisionnant les stations chiliennes, effectuant des missions de recherche et apportant également son soutien aux stations d’autres pays. Outre une plus grande autonomie et un temps d’autosuffisance plus long, le nouveau navire aura une classe de glace plus élevée. En outre, deux hélicoptères trouveront place dans un hangar, élargissant ainsi les possibilités de soins et de recherche. Au total, 86 membres d’équipage, 34 chercheurs et 19 conteneurs de 20 pieds, plus 400 mètres cubes de carburant et autant de matériel devraient trouver place sur ce navire de 111 mètres de long. Le brise-glace de 10’000 tonnes est propulsé par deux moteurs diesel-électriques d’une puissance totale de 20’000 CV.
Dr. Michael Wenger, PolarJournal
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