Gros problèmes dans le petit Svalbard | Polarjournal
Les 2 400 habitants de Longyearbyen et les milliers de touristes dépendent de vols réguliers pour se rendre rapidement en Norvège. Mais depuis une semaine, presque rien n’est possible en raison d’une grève des pilotes de la compagnie SAS. Image : Michael Wenger

Le Svalbard occupe à bien des égards une position particulière en Norvège et dans le monde. Et ceci découle du traité du Spitzberg de 1920, dans lequel la Norvège s’est vu confier l’administration de l’archipel et, par conséquent, le droit norvégien. Néanmoins, certaines choses fonctionnent différemment à Longyearbyen qu’en Norvège même. Deux raisons à cela : l’isolement de l’archipel et l’autre pays qui y a pris pied, à savoir la Russie. Tous deux ont fait vivre au Svalbard des jours très agités.

Une grève des pilotes chez SAS depuis lundi dernier, le 4 juillet, et un différend entre la Norvège et la Russie au sujet d’un transport d’approvisionnement vers la colonie minière russe de Barentsburg, ont fait que le Svalbard et sa capitale Longyearbyen se sont retrouvés soudainement sous les feux de l’actualité la semaine dernière. Si le premier a touché des milliers de touristes du monde entier et les quelque 2 400 habitants de Longyearbyen, le second a même fait craindre une escalade entre la Russie et la Norvège. Quelle que soit la perspective qu’on adopte sur ces deux situations, toutes deux ont été néfastes pour le Svalbard.

La compagnie aérienne scandinave SAS n’assure pas la seule liaison aérienne avec le Svalbard, mais c’est la plus fréquente. La grève des pilotes a rendu presque impossible l’accès à l’archipel, laissant de nombreuses personnes bloquées à Longyearbyen. Image : Heiner Kubny

L’annonce de la grève des pilotes de la compagnie aérienne scandinave SAS était déjà connue avant la date limite du 4 juillet. Mais les nombreux voyagistes qui avaient réservé pour leurs clients des vols au départ d’Oslo et de Tromsø n’ont pas eu beaucoup d’autres options. Les vols charters ne sont pas faciles à organiser rapidement et l’autre compagnie aérienne desservant le Svalbard, Norwegian, ne le fait que quelques fois par semaine, rendant l’obtention de billets pratiquement impossible. En conséquence, la population locale et les nombreux touristes qui avaient fait le tour de l’archipel à bord de bateaux se sont retrouvés soudainement bloqués au Svalbard. Les touristes qui avaient réservé un voyage après le 4 juillet et qui n’ont pas emprunté de vols charters sont restés bloqués chez eux. Pour les représentants du tourisme à Longyearbyen et les nombreux exploitants de navires concernés, il s’agit d’un nouveau coup dur après les années Corona.

Entre-temps, la représentation des pilotes de SAS s’est mise d’accord avec le Sysselmesteren du Svalbard sur une dérogation pour les vols jusqu’à dimanche prochain. Cela permettra aux habitants de Longyearbyen de se rendre sur l’île et d’en revenir au moins une fois par jour. En outre, des vols charters ont été effectués et un grand navire de croisière accueille encore des passagers.

Ce qui se passera après le 17 juillet dépendra de l’évolution de la grève. Mais pour la SAS, la grève risque d’avoir un impact très négatif, car selon les chiffres officiels, elle coûte environ 10 millions d’euros par jour. Et pour une compagnie aérienne qui vient de se placer sous le régime du chapitre 11 du code américain de la faillite, la « faillite de réorganisation », afin de mettre en œuvre son propre plan de transformation SAS FORWARD, de telles pertes constituent un revers amer.

La deuxième raison de la grande turbulence sur le petit archipel réside dans l’approvisionnement de la colonie minière russe de Barentsburg. Il y a moins d’un mois, les autorités norvégiennes avaient stoppé deux conteneurs contenant des fournitures pour les plus de 400 habitants de Barentsburg et les avaient empêchés de continuer à les livrer. Des sanctions économiques contre la Russie, que la Norvège soutient, ont été évoquées et le fait que les conteneurs ont été transportés par des véhicules russes, en violation des sanctions.

La Russie a protesté avec la plus grande fermeté contre cette obstruction et a accusé la Norvège de violer le traité du Spitzberg en agissant de la sorte. En réponse, le Kremlin a annoncé qu’il examinerait de plus près l’accord de 2010 sur la délimitation de la mer de Barents, ce qui aurait signifié une résiliation de facto de l’accord. Selon les experts, cela aurait conduit à un conflit de pêche entre les deux pays. La Norvège a ensuite autorisé la poursuite du transport des marchandises au début du mois de juillet. Celles-ci sont arrivées à Longyearbyen par bateau et poursuivent actuellement leur route.

Mais la question de savoir si cela signifie que la Russie retirera sa menace de « réinterprétation » de l’accord sur la mer de Barents qui reste ouverte. Les autorités norvégiennes nient s’être laissées influencer par ces pressions. Des experts du traité ont également déclaré aux médias locaux du Svalbard que le blocage des marchandises n’était pas légal. déclaration basés sur la version du traité traduite en norvégien. Cependant, si l’on prend le texte original français, tout est formulé de manière plus claire et plus précise et le litige aurait donc pu être évité, explique un expert.

Dr. Michael Wenger, PolarJournal

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