Le Groenland fascine les gens depuis des siècles. L’immense calotte glaciaire, les puissants glaciers, les ours polaires et les bœufs musqués, les zones de toundra, telles sont les images qui façonnent notre vision de la plus grande île du monde. Mais le Groenland est plus diversifié, car son étendue est si énorme que la partie inférieure de l’île se trouve encore plus au sud que l’Islande. Et c’est justement ce sud qui est tellement différent du reste du Groenland que je vais explorer avec notre partenaire, Quark Expeditions. Et pour bien plus qu’une habituelle expédition côtière.
Pour la plupart des gens, tout voyage dans les régions polaires commence par un vol. Je commence moi aussi notre voyage en avion, de Zurich à Reykjavik, la capitale de l’Islande, via Stockholm. Si prendre l’avion était devenu une routine quotidienne il y a encore deux ans, il s’avère que deux années de pandémie ont également laissé des traces profondes dans le secteur. Et pourtant, le nombre de passagers augmente à nouveau, y compris dans le secteur des voyages d’expédition. Et même la guerre en Ukraine et la fermeture de l’Arctique russe n’ont pas pu arrêter ce phénomène. On tourne simplement plus autour du Svalbard ou de l’Islande, ou on va au Groenland, mais au « vrai » Groenland, à l’est ou à l’ouest. Le Nord n’est qu’effleuré dans les coins, car les bateaux ne peuvent pas (encore) pénétrer dans la banquise du Nord.
Et le Sud ? On passe forcément par là. On s’arrête souvent brièvement dans le passage du Prince Christian à la pointe sud pour admirer le pittoresque de cet environnement, puis au sud-ouest du Groenland, dans des endroits comme Hvalsey pour les ruines de l’église, ou à Narsarsuaq pour observer les vestiges d’une ferme nordmann et se dégourdir un peu les jambes. Mais le reste ne sera pas vu. Et cela entraîne la peur et le mécontentement de la population locale. Peu avant mon départ, j’apprenais que les représentants des intérêts du tourisme du sud du Groenland ont demandé de l’aide au gouvernement. Ils veulent montrer au monde qu’il y a ici plus que des ruines et un fjord pittoresque. Nous verrons bien s’ils ont raison, car c’est le but de ce voyage avec Quark.
Ce tour-opérateur expérimenté veut faire les choses différemment des autres, montrer le Groenland du Sud dans sa diversité et sa splendeur, faire naviguer son navire amiral, l' »Ultramarine », d’ouest en est et vice-versa, à travers des paysages de fjords, voler avec les hélicoptères profondément à l’intérieur des terres et jusqu’à la calotte glaciaire, où nous ferons notre route. Les passagers pourront rencontrer les habitants, tester les spécialités locales dans un camp, apprendre plein de choses sur le Groenland du Sud, découvrir la nature avec tous leurs sens. D’autres pourront explorer le paysage en VTT ou en kayak. Les goûts sont différents et il doit y en avoir pour tout le monde. Le programme n’est pas le seul à être hétéroclite, la liste des passagers l’est également. Les quelque 130 passagers sont venus des quatre coins du monde, avides de nouveautés et de connaissances, prêts à vivre quelque chose de nouveau. C’est pour tout cela que, après les contrôles de documents pour la sécurité COVID, nous montons à Reykjavik dans un avion charter à destination de Narsarsuaq et embarquons à bord de notre maison flottante tout confort. Enfin là, de nouveau à bord, dans une région polaire. Il est maintenant temps d’explorer notre base. Et je vous la présenterai dans le prochain blog.
Dr. Michael Wenger, PolarJournal