Le Canada veut que le prêtre accusé d’abus sexuels soit extradé de France | Polarjournal
Pas vraiment de quoi rire (Photo : Cabinet du Premier ministre / Adam Scotti)

Les autorités judiciaires canadiennes ont à nouveau demandé officiellement l’extradition d’un prêtre à la retraite de son pays d’origine, la France, afin qu’il soit jugé pour avoir abusé sexuellement d’enfants inuit alors qu’il travaillait dans le nord du Canada entre les années 1960 et 1993.

Aucune des allégations d’abus à l’encontre de Johannes Rivoire, aujourd’hui âgé de 93 ans, n’a jamais été prouvée devant un tribunal. Trois accusations portées par le ministère canadien de la justice en 1998 ont été abandonnées en 2017, lorsqu’il a déterminé qu’un accord entre les deux pays permettant de refuser l’extradition de leurs citoyens signifiait qu’il y avait peu de chances que M. Rivoire, qui possède la citoyenneté des deux pays, soit envoyé au Canada pour y être jugé.

La demande de la semaine dernière intervient après que les autorités canadiennes ont porté de nouvelles accusations contre M. Rivoire en février, pour des abus présumés commis sur une jeune fille dans les hameaux d’Arviat et de Whale Cove entre 1974 et 1979. Cette demande a été confirmée par David Lametti, le ministre de la justice, la semaine dernière, lors de la visite du pape François au Canada, afin qu’il présente ses excuses pour les mauvais traitements infligés à des enfants autochtones dans des écoles confessionnelles gérées pour le compte des autorités fédérales, dans le cadre d’un programme visant à isoler les élèves de l’influence de leur culture et de leur religion d’origine afin de les assimiler à la culture canadienne.

Cette demande d’extradition est également susceptible d’échouer, mais les Inuit du Canada espèrent que l’attention portée par la visite du pape François aux abus commis par les églises à l’encontre des groupes autochtones du Canada convaincra le Vatican de faire pression sur M. Rivoire pour qu’il se rende volontairement au Canada afin d’y être jugé.

En mars, Natan Obed (photo ci-dessus), directeur de l’ITK, un groupe d’intérêt inuit, a justement fait cette demande lors de sa rencontre avec le pape François au Vatican afin de discuter des abus de l’Église à l’égard des groupes autochtones du Canada. Selon l’agence de presse Reuters, une demande similaire a été faite la semaine dernière par une connaissance d’un homme, aujourd’hui décédé, qui a déclaré avoir été abusé par M. Rivoire.

Selon les représentants inuit qui ont participé à cette visite en mars, l’Église a promis de veiller à ce que M. Rivoire réponde des accusations portées contre lui. Aucun autre détail n’a été présenté sur la manière dont l’Église apporterait son aide, et un porte-parole du Vatican a déclaré à Reuters que l’Église devait obtenir plus d’informations sur M. Rivoire avant de répondre aux questions sur les raisons de ce choix.

M. Rivoire clame son innocence et, depuis la maison de retraite de Lyon où il vit, il a déclaré à plusieurs reprises aux médias français que, bien qu’il se sente trop fragile pour se rendre au Canada, il était prêt à parler à ses accusateurs en France.

Les Missionnaires Oblats de Marie-Immaculée, l’ancien ordre religieux de M. Rivoire, l’ont encouragé à revenir au Canada pour faire face aux allégations dont il fait l’objet, et se sont engagés à coopérer avec l’enquête canadienne et à soutenir les victimes d’abus ecclésiastiques.

« Nous continuons à plaider auprès de nos pairs et de nos supérieurs dans l’Église pour que les dirigeants en France et au Vatican comprennent l’impact que Rivoire continue d’avoir sur les peuples inuit du Canada », a déclaré l’ordre dans un communiqué.

Kevin McGwin, PolarJournal
Image : Bibliothèque et Archives Canada

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