Le mineur de rubis du Groenland ne respecte pas l’accord sur les avantages | Polarjournal
Pas vraiment la mine d’or que l’on croyait (Photo : LNS)

Depuis 2016, date à laquelle elle a supplanté ce qui était alors la seule mine opérationnelle du Groenland, LNS Greenland a l’obligation de verser chaque année au hameau de Qeqertarsuatsiaat, où se trouve la mine de rubis d’Aappaluttoq, 250 000 couronnes (33 600 €) pour financer des activités culturelles et sociales. À ce jour, elle n’a rien payé et, bien que l’entreprise admette que les paiements sont en retard, elle a dit au hameau de ne rien attendre d’elle avant que la mine ne commence à rapporter de l’argent.

Les paiements ont été convenus avec le propriétaire initial de la mine, aujourd’hui disparu, True North Gems, dans le cadre de ce que l’on appelle un accord sur les répercussions et les avantages. Ces accords, juridiquement contraignants entre les entreprises et les communautés où elles opèrent, visent à la fois à limiter les dommages causés par les opérations minières et à faire en sorte que les communautés reçoivent des avantages tangibles. Dans le cas de Qeqertarsuatsiaat, il ne s’agissait pas seulement du paiement annuel, mais aussi d’un engagement à fournir des emplois et des formations, à acheter des produits locaux et à partager certaines des pierres précieuses produites par la mine avec les artisans locaux.

Selon Kommuneqarfik Sermersooq, qui, en tant qu’autorité locale, est chargée de veiller à ce que la LNS respecte ses obligations, l’accord sur les répercussions et les avantages de la mine d’Aappaluttoq est disproportionné en faveur du hameau. Dans l’ensemble, l’autorité affirme que l’entreprise a rempli ses obligations, à satisfaction.

Certains législateurs du conseil et représentants du hameau ne sont, eux, guère satisfaits. Ils soulignent que l’accord accepté par la LNS lorsqu’elle a repris la mine ne la dispense pas d’effectuer le paiement si elle perd de l’argent. L’impact – et le besoin d’argent de la communauté – reste le même. Selon Peter Davidsen, conseiller municipal, en refusant d’effectuer le paiement, la LNS met en doute sa propre crédibilité et celle de l’industrie minière, que le Groenland considère comme son billet vers l’indépendance financière vis-à-vis du Danemark.

La LNS, selon Kommuneqarfik Sermersooq, n’est pas satisfaite de l’accord sur les répercussions et les avantages. Les deux parties ont convenu de discuter de l’opportunité de modifier certains détails afin de rendre l’accord plus clair et de faire en sorte que chacun ait le sentiment de tirer le meilleur parti de la présence de la LNS.

Aqqaluaq B Egede, membre du cabinet dont les attributions incluent l’exploitation minière, admet que l’accord d’Aappaluttoq pourrait nécessiter des retouches. Il a déclaré à Sermitsiaq.AG, un média d’information, qu’il s’agissait du premier projet de ce type au Groenland et qu’il n’avait pas répondu aux attentes. Selon lui, la solution consiste à conclure un nouvel accord, et non à obliger la LNS à continuer de respecter un accord qui ne fonctionne pas.

Pour Kommuneqarfik Sermersooq, c’est le passé qui prime : il est conscient que le prédécesseur de la LNS a fait faillite en essayant d’exploiter Aappaluttoq. S’il en allait de même pour la LNS, les quelque 60 emplois qu’elle fournit – dont 95 % sont occupés par des employés locaux – et les 40 millions de couronnes qu’elle paie en impôts disparaîtraient. Rares sont ceux qui n’admettraient pas que l’impact de cette mesure serait très bénéfique.

Kevin McGwin, PolarJournal

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