Un groupe de milliardaires promeut un projet minier au Groenland pour le transport électrique | Polarjournal
Les montagnes qui bordent la côte de l’ouest du Groenland semblent inaccessibles. Mais grâce au changement climatique, elles se rapprochent de plus en plus des projets miniers. Image : Michael Wenger

Les nouvelles concernant l’exploitation minière au Groenland ne cessent d’affluer, car l’île offre une grande réserve de différentes matières premières très convoitées. Et en raison du changement climatique, dont l’impact est très fort au Groenland, les zones d’extraction deviennent de plus en plus accessibles. Les matières premières nécessaires au développement et à l’utilisation des e-transports sont particulièrement prisées par les investisseurs. Une start-up américaine basée en Californie, et soutenue par plusieurs milliardaires américains, veut ainsi décoller dans l’ouest du Groenland.

Le cuivre, le nickel et le cobalt, trois matériaux importants pour la construction et l’utilisation de batteries telles que celles nécessaires à une Tesla ou à d’autres véhicules électriques et appareils électroniques, veulent être extraits par la société américaine KoBold Metals. Pas dans la jungle d’Afrique centrale, mais au milieu de la côte ouest du Groenland. « Nous sommes à la recherche d’un gisement qui sera le plus grand ou le deuxième plus grand des gisements de nickel et de cobalt les plus importants du monde », explique le PDG et fondateur de l’entreprise, Kurt House, dans une interview accordée à la chaîne américaine CNN. Et si tout se passe comme prévu, le démantèlement devrait commencer dès l’année prochaine.

La zone censée contenir ces matières premières précieuses et convoitées se situe sur la péninsule de Nussuaq, au nord de l’île de Disko, la deuxième plus grande île du Groenland. Grâce à des sondages, des prélèvements d’échantillons de sol, des mesures du champ magnétique terrestre par hélicoptère et par drone et l’utilisation de l’intelligence artificielle, KoBold Metals entend déterminer l’emplacement exact des gisements. House est convaincu que cela devrait permettre de réduire les fouilles inutiles et donc les dommages causés à l’environnement. Les travaux ont maintenant commencé et une équipe de 30 personnes participe à la recherche des matières premières. Les travaux seront menés en collaboration avec la société minière BlueJay Mining, basée à Londres, qui exploite également deux autres projets au Groenland. Les matériaux sont supposés se trouver à des profondeurs comprises entre 150 et 400 mètres.

Le réchauffement climatique entraîne un recul important de la plupart des glaciers et des périodes sans glace de plus en plus longues. Cela encourage l’exploitation minière au Groenland, ce qui favorise à son tour le réchauffement à court terme. Un cercle vicieux qui ne peut être brisé que lentement, en passant au transport électrique et en réduisant ainsi les émissions. Image : Michael Wenger

L’exploitation des matières premières ne fait pas l’unanimité. D’une part, il a été rendu possible par les changements climatiques au Groenland, qui ont libéré de vastes zones pour des projets d’extraction, et d’autre part, ce sont précisément ces projets qui contribuent à la poursuite du réchauffement par leur logistique, sans parler des dommages possibles à l’environnement fragile de l’Arctique. Mais en même temps, on veut utiliser ces matières premières pour faire avancer la fabrication de batteries pour véhicules électriques, afin de réduire à long terme les quantités d’émissions de gaz à effet de serre et d’accélérer la transition vers une utilisation plus « verte » de l’énergie. La guerre et les sanctions contre la Russie ont rendu ces matières premières plus difficiles à obtenir et donc plus chères. En outre, certaines zones d’extraction, notamment en Afrique, ont été critiquées, car les entreprises qui y sont implantées encouragent le travail des enfants ou attisent les conflits afin d’éviter un contrôle étatique. Cela ne sera guère possible au Groenland, car le gouvernement actuel prend la protection de l’environnement très au sérieux, malgré les devises alléchantes. Néanmoins, ils ne sont pas hostiles aux investisseurs et au projet et ont accordé des autorisations.

Dans une vidéo de deux minutes, le CEO de BlueJay Mining, Bo Stensgaard, explique le but et l’état d’avancement du projet. En effet, le partenaire du projet, KoBold Metals, compte quelques investisseurs de haut niveau qui veulent certes promouvoir la protection de l’environnement et du climat, mais qui ont certainement aussi leurs investissements en tête. Vidéo de présentation : BlueJay Mining

L’entreprise californienne KoBold Metals s’était assurée l’année dernière environ 51 pourcent du projet et compte sur des investisseurs comme le fondateur d’Amazon Jeff Bezos, l’entrepreneur et ancien maire de New York Michael Bloomberg et le fondateur de Microsoft Bill Gates. Le géant norvégien de l’énergie Equinor et la société minière BHP font également partie des investisseurs de KoBold Metals. KoBold Metals s’est assuré un total de plus de 192 millions de dollars américains pour la recherche et l’extraction de matières premières qui devraient contribuer à soulager le climat et l’environnement du Groenland à l’avenir. Mais il semble qu’il faille d’abord faire un pas en arrière pour en faire deux en avant.

Dr. Michael Wenger, PolarJournal

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