Harcèlement sexuel dans les stations antarctiques | Polarjournal
Selon un rapport externe, le harcèlement sexuel et la discrimination à l’encontre des femmes sont des problèmes courantsau sein des stations antarctiques australiennes. Photo : Christopher Wilson via AAD

Presque tous les domaines de la vie courante font régulièrement état de harcèlement sexuel et, comme l’a révélé une étude commandée par la Division antarctique australienne, les stations de recherche en Antarctique n’y échappent pas.

Le séjour dans une station de recherche en Antarctique peut durer plusieurs semaines, plusieurs mois, voire même plus d’un an. Pour les scientifiques et le personnel non scientifique, le travail dans cet espace de vie extrême et la cohabitation dans un espace restreint avec des étrangers posent, de prime abord, d’énormes exigences en termes de résistance physique et psychique individuelle.

Une étude vient de montrer que, pour de nombreuses femmes travaillant en Antarctique, le stress déjà important lié au fait de vivre et de travailler dans la région la plus éloignée du monde pendant de si longues périodes, est encore aggravé par l’inégalité entre les sexes et le harcèlement sexuel de la part de leurs supérieurs, de leurs collègues et du personnel masculin non scientifique.

Meredith Nash, professeure associée de sociologie à l’Université de Tasmanie, a dirigé cette étude commandée par le département australien de l’Antarctique et s’est penchée sur la culture régnant à l’intérieur des stations de recherche en Antarctique. Lors d’entretiens, vingt-deux femmes employées par la Division antarctique australienne ont fait état d’une culture de harcèlement sexuel répandue et impitoyable.

En plus des contraintes déjà élevées qu’implique un séjour de recherche en Antarctique, les femmes sont confrontées au harcèlement sexuel et sont structurellement désavantagées. Photo : Peter Hargreaves via AAD

Le rapport de Nash décrit un environnement toxique où se produisent des contacts physiques non sollicités, des sollicitations sexuelles non désirées et des commentaires, des blagues ou encore des allusions sexistes. S’y ajoutent la présentation sur place de matériel pornographique et choquant, ainsi que des insultes et des moqueries fondées sur le sexe.

« Je pense qu’il est en quelque sorte contraire à l’éthique de continuer à essayer d’encourager les femmes à travailler dans un domaine dominé par les hommes, si nous ne sommes pas sûrs que les organisations pourront les protéger », a déclaré la professeure Nash à ABC News.

Ce qui rend les choses encore pires pour les femmes concernées, c’est le fait qu’elles doivent « passer des semaines à travailler avec les hommes à l’origine du harcèlement, parce qu’elles ne peuvent tout simplement pas partir », explique Nash. De plus, en raison des rapports de force, les femmes hésitent à signaler les incidents ou à se plaindre, de peur d’aggraver leur situation.

Mais les femmes ne sont pas les seules victimes du harcèlement. Les personnes interrogées ont également décrit une culture homophobe dans les stations, selon le résumé de l’étude.

Selon ce rapport, dans la plupart des missions sur le terrain, il semble que l’on ne perde pas de temps à créer un peu d’intimité là où c’est nécessaire. Photo : Grant Dixon via AAD

De plus, les séjours de recherche en Antarctique sont rendus difficiles pour les femmes en raison d’une infrastructure insuffisante ou inexistante qui tiendrait compte de leur rythme biologique. Selon ce même rapport, les femmes avaient des difficultés à obtenir des protections menstruelles durant leurs règles et à se rendre dans des lieux appropriés lorsqu’elles travaillaient sur le terrain, car ces lieux n’étaient tout simplement pas disponibles. Certaines d’entre elles se voyaient même contraintes de cacher leurs règles pendant les missions sur le terrain, de peur d’être jugées incompétentes par les hommes.

La ministre de l’Environnement Tanya Plibersek s’est dite stupéfaite par le rapport et a appelé à un changement de culture. « J’ai été très claire avec le ministère. Nous devons faire en sorte que toute personne travaillant au siège ou en Antarctique se sente en sécurité et que, si elle se plaint, elle puisse le faire sans craindre d’être harcelée ».

Dans une déclaration, Kim Ellis, directeur de la Division australienne de l’Antarctique, écrit que les 42 recommandations émises afin d’améliorer la culture dans les stations énumérées par Nash dans son rapport ont été acceptées et seront mises en œuvre.

Julia Hager, PolarJournal

Lien vers le résumé de l’étude : https://www.dcceew.gov.au/sites/default/files/documents/summary-nash-review.pdf

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