Les membres de l’IAATO font un premier pas vers une nouvelle stratégie climatique | Polarjournal
Pour découvrir l’Antarctique dans sa puissante mais fragile beauté, les bateaux et les canots pneumatiques sont indispensables. Mais la consommation de carburant de ces moyens de transport est souvent utilisée comme argument contre le tourisme et aucun chiffre fiable n’était disponible jusqu’à présent à ce sujet. Cela devrait désormais changer. Image : Michael Wenger

Le tourisme vers l’Antarctique est en plein essor, comme en témoigne le nombre de visiteurs et de bateaux qui transportent les premiers vers cette région polaire australe. Pourtant, l’argument souvent avancé dans les discussions sur le tourisme vers cette destination est que c’est précisément ce type de transport, à savoir par bateau et par avion, plus l’utilisation de canots pneumatiques et d’hélicoptères pour amener les nombreux touristes sur les sites d’atterrissage isolés, qui a un impact négatif important sur l’environnement. L’Association internationale des voyagistes antarctiques (IAATO) veut désormais veiller à encore plus de durabilité et de sécurité environnementale avec une nouvelle stratégie climatique pour le tourisme en Antarctique, et fait un premier grand pas.

Au cours de cette prochaine saison antarctique, les membres de l’association transmettront au secrétariat de l’IAATO leurs chiffres et faits concernant la consommation de carburant pour l’ensemble de leurs moyens de transport. Il s’agit de données concernant les bateaux, les avions, les zodiacs (bateaux pneumatiques), les hélicoptères, les voitures et tous les autres moyens de transport utilisés en saison pour les activités touristiques. L’objectif de ces données est de déterminer l’empreinte des gaz à effet de serre des activités de l’IAATO en Antarctique, afin de pouvoir ensuite prendre des mesures internes afin de contrôler et d’affiner les objectifs d’émissions de l’IAATO. C’est ce qu’a annoncé l’association dans un communiqué de presse.

Sans carburant, aucune activité touristique ne peut être entreprise en Antarctique. L’association souhaite désormais examiner de plus près ses émissions et les réduire conformément aux objectifs de l’Organisation maritime internationale (IMO). Image : Michael Wenger

Le but ultime de cette mesure est d’ajuster les émissions de gaz à effet de serre et, par conséquent, de particules, conformément à l’objectif de l’Organisation maritime internationale (IMO). Ainsi, d’ici 2050, les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites à cinquante pourcent des quantités de 2008 (un pic dans l’histoire du tourisme en Antarctique). Et au niveau mondial, l’objectif net zéro doit être atteint avant 2050. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le zéro net signifie que les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère dues à l’activité humaine sont compensées par des mesures d’atténuation également entreprises par l’homme sur une période donnée. Pour atteindre ces objectifs, les membres de l’IAATO formuleront et mettront également en œuvre leurs propres stratégies et objectifs climatiques. Tout cela a été décidé à l’unanimité lors de la dernière assemblée de l’IAATO en avril à Providence, aux États-Unis.

Le secteur, comme presque toutes les branches où le transport est important, est confronté à un avenir difficile. D’une part, l’IAATO est confrontée à de grands défis en matière de durabilité des carburants. D’autre part, l’association veut rester proactive et préparée pour l’avenir. Pour les membres de l’IAATO, la collecte et la transmission des données sur les carburants constituent donc une étape majeure et importante, et la réalisation des objectifs de la nouvelle stratégie climatique revêt une grande importance. Pam Le Noury, responsable du Comité du changement climatique de l’IAATO, a déclaré : « L’engagement récent de nos membres à fournir leurs données sur les carburants au Secrétariat de l’IAATO pour analyse, signifie qu’une fois que nous aurons accéléré le développement de carburants durables et d’autres technologies, nous serons en position de force pour prendre des mesures visant à réduire davantage les émissions ».

Le thème de la durabilité et de la sécurité environnementale a depuis longtemps trouvé sa place dans l’industrie. En effet, depuis sa création en 1991, l’IAATO s’est engagée à promouvoir ces questions auprès du tourisme en Antarctique. Et ces dernières années, le secteur a fait de grands pas en avant, notamment dans la construction de navires plus récents et plus performants, grâce notamment au développement de nouveaux matériaux et de nouvelles technologies et à la mise en œuvre du Code polaire. Autrefois, on utilisait surtout des bateaux russes, très résistants aux glaces, pour faire découvrir l’Antarctique aux visiteurs. Mais au fil des années, les exigences des passagers, d’une part, et celles de nombreux membres de l’IAATO, d’autre part, ont augmenté pour s’engager encore davantage sur les questions de durabilité et d’impact du changement climatique et rester proactifs. Par la suite, ces aspects ont été activement pris en compte et mis en œuvre lors de la construction de nouveaux navires par des membres de l’IAATO. Ces aspects et ces thèmes ont également été et sont de plus en plus mis en avant dans les opérations en Antarctique. Amanda Lynnes, responsable de l’unité de coordination Environnement et Sciences à l’IAATO, a déclaré : « L’une des forces de l’IAATO est la capacité de ses divers membres à prendre des mesures collectives qui vont souvent au-delà de ce qui est exigé par les organismes de réglementation mondiaux. Nos membres réagissent avec souplesse aux nouvelles technologies et aux recommandations mondiales sur le changement climatique et sont déterminés à prendre des mesures puissantes pour l’Antarctique ».

Dr. Michael Wenger, PolarJournal

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