Les champignons antarctiques montrent des effets antibiotiques | Polarjournal
De discrets champignons présents dans le sol antarctique pourraient fournir des substances précieuses dans la lutte contre les maladies. Dans l’étude, les espèces Antarctomyces sp. (a,b), Thelebolus sp. (c, d), Penicillium sp.(e, f) et Cryptococcus gilvescens ont été testées contre différentes bactéries (en haut : vue de dessus ; en bas : vue de dessous). Photos : Ordóñez-Enireb et al. 2022

La recherche médicale est sans cesse à la recherche de nouvelles substances actives, par exemple pour le traitement de maladies tumorales ou d’infections bactériennes. L’Antarctique semble être un trésor encore largement inexploré quant aux substances médicinales. Les micro-organismes, en particulier, pourraient, grâce à leurs adaptations physiologiques spécifiques, produire des métabolites secondaires qui pourraient trouver des applications dans la biotechnologie. Dans une étude récente publiée dans la revue Nature Scientific Reports, une équipe de chercheurs équatoriens a découvert une activité antibactérienne chez des champignons antarctiques.

Le royaume des champignons joue un rôle important dans la biotechnologie. Les champignons ou leurs métabolites sont utilisés dans de nombreuses applications de l’industrie textile, alimentaire et pharmaceutique. Dans des études antérieures, des chercheurs ont également trouvé, dans des champignons de l’Antarctique de précieux composés aux effets antitumoraux, antiparasitaires et antibactériens. Cependant, la diversité génétique des microbes de l’Antarctique reste largement inexplorée.

Les quatre champignons vus au microscope : a – Cryptococcus gilvescens, b – Penicillium sp., c – Thelebolus sp., d – Antarctomyces sp. Photos : Ordóñez-Enireb et al. 2022

Dans le cadre de l’étude actuelle, l’équipe de recherche a collecté des échantillons au sol près de la station antarctique équatorienne Pedro Vicente Maldonado, à Fort William Point sur l’île Greenwich au nord de la péninsule antarctique, et a isolé quatre champignons dont l’activité antibactérienne a été testée contre quatre souches bactériennes importantes sur le plan médical : Escherichia coli (bactérie intestinale), Klebsiella pneumoniae (qui déclenche des infections des voies urinaires et des pneumonies), Enterococcus faecalis (bactérie intestinale) et Staphylococcus aureus (bactérie multirésistante).

Les analyses ont montré que deux des quatre champignons, Cryptococcus gilvescens et Penicillium sp., présentaient une activité antibactérienne contre toutes les souches de bactéries, tandis que Thelebolus sp. ne présentait une activité antibactérienne potentielle que contre E. coli. Le quatrième champignon, Antarctomyces sp. En revanche, le quatrième, l’Antomomyces, n’a montré aucune activité antibiotique contre aucune des souches bactériennes testées.

Seuls trois des quatre champignons ont montré un effet antibactérien, ici contre E. coli: a – Thelebolus sp., b – Cryptococcus gilvescens, d – Penicillium sp. Antarctomyces sp. (c) n’a pas inhibé la croissance bactérienne. Photos : Ordóñez-Enireb et al. 2022

Il est même possible que certains des champignons étudiés aident à lutter contre les maladies tumorales. Quoi qu’il en soit, d’autres espèces de Penicillium provenant d’écosystèmes polaires ont montré un effet cytocide contre des lignées de cellules cancéreuses (cellules cancéreuses humaines cultivées) ainsi qu’un effet anti-inflammatoire, antiallergique et antifongique. Les auteurs* expliquent dans l’étude que le bioessai qu’ils ont utilisé peut être étendu à la recherche de substances antivirales et anticancéreuses. Les études futures viseront à isoler, identifier et caractériser les composés bioactifs présumés. En conclusion, ils mettent en avant les applications biotechnologiques potentielles des champignons et donc l’importance de la préservation de leur environnement.

Julia Hager, PolarJournal

Lien vers l’étude : Ordóñez-Enireb, E., Cucalón, R.V., Cárdenas, D. et al. Fungi Antarctic with antibiotic potential isolated from Fort William Point, Antarctica. Sci Rep 12, 21477 (2022). https://doi.org/10.1038/s41598-022-25911-x

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