Le gaz de Hammerfest dans l’Artcique norvégien | Polarjournal
Une des plateformes pétrolières norvégiennes du champ Ekofisk, l’un des gisements les plus importants de Norvège et produit une centaine de milliers de barils par jour et devrait être épuisé à l’horizon 2050. Image : Norsk Teknisk Museum

La prospection pétrolière dans la mer de Barents est délimitée par des aires d’exploration. La plus au nord de la Scandinavie se situe dans la mer de Barents et semble détenir des stocks de gaz exploitables près des côtes. Un filon qui intéresse le ministère du Pétrole et de l’Énergie norvégien, pour répondre à la demande européenne.

Le 10 janvier dernier, la Norvège dévoilait, comme chaque année, la liste des permis d’exploration pétrolière concernant ses territoires maritimes. En 2023, 47 nouvelles licences profiteront à 25 compagnies. Certaines d’entre elles mèneront des recherches dans 2 nouveaux lots de l’aire d’exploration (APA) de la mer de Barents, en Arctique. Une région qui contiendrait deux tiers des hydrocarbures du pays selon Reuters. Mais Laurent Gernigon, géologue de l’Agence norvégienne des suivis géologiques, reste prudent : « cela dépend de la maturité des gisements, de leur accessibilité ». En 2024, la Norvège promet d’attribuer presque 2 fois plus de licences, principalement dans l’APA de la mer de Barents.

Le ministère du Pétrole et de l’Énergie guide l’exploration pétrolière en ouvrant de nouveaux espaces au sein des APA. « Continuer l’activité d’extraction et faire de nouvelles découvertes, c’est important pour le maintien de notre production de gaz et de pétrole au cours du temps et c’est nécessaire pour l’Europe et la Norvège », a déclaré le ministre du Pétrole et de l’Énergie Terje Aasland.

Depuis plus d’un an, l’Europe augmente son approvisionnement en produit pétrolier auprès de la Norvège. « La seule chose qui pour l’instant peut être faite pour répondre à cette demande, c’est augmenter la production existante, parce qu’il faut environ 10 ans avant qu’un lot ouvert à la prospection commence à produire. » nous explique Laurent Gernigon.

Pour obtenir un permis des mains du ministère du Pétrole et de l’Énergie, les compagnies pétrolières postulent en prouvant qu’elles ont des connaissances sur la nature et la géologie des fonds et qu’elles sont prêtes à conduire des études sismiques. Le Gouvernement norvégien s’assure aussi que les entreprises sont prêtes à se lancer dans la production si elles découvrent une poche de gaz ou de pétrole exploitable.

Une fois un permis obtenu, chaque compagnie doit investir dans des campagnes sismiques et produire des images du fond en 2D, puis en 3D sur des secteurs intéressants. La précision des images déterminera ensuite où forer. En décembre dernier, Vår Energi a percé une poche de gaz d’environ 100 millions de barils. La consommation française intérieure de produits pétroliers de 2021 était de 67 millions de barils. L’entreprise Vår Energi s’est alors félicitée de ce succès dans le nord.

À gauche, une carte de l’APA de la mer de Barrents, on y voit en bleue les deux nouvelles zones d’exploration, en rouge les poches de gaz déjà découvertes et en vert les poches de pétrole. À droite, le tracé du pipeline de la mer de Barents. Images : Norwegian Petroleum Directorate (NPD)

Laurent Gernigon nous explique que « ce forage se situe dans le secteur Goliat de l’APA de la mer de Barents, en Arctique, et plus précisément dans le bassin du Hammerfest. C’est un bassin où la croûte continentale s’est étirée puis d’importantes quantités de sédiments s’y sont déposées ». Cette portion de l’APA est traversée par une faille le long de laquelle, des roches datant du jurassique migrent vers la surface sous forme d’huile et de gaz et se retrouvent emprisonnées par les couches supérieures.

« Le futur minier de la mer de Barents je le vois plutôt ici, au sud de l’Arctique norvégien, nous explique le géologue. Le bassin est proche de la côte, d’un réseau de pipeline et d’infrastructures industrielles ».

Laurent Gernigon

Depuis la catastrophe dans le golfe du Mexique, les prospections pétrolières dans le nord sont controversées en Norvège. Greenpeace estime que la zone de banquise est trop proche et qu’une marée noire serait d’autant plus catastrophique si elle se retrouvait piégée sous la glace. Selon Reuter, Lars Haltbrekken, un juriste du parti socialiste de gauche veut combattre ces décisions, et réduire voire stopper cette progression vers le nord. Cette question hante le paysage politique norvégien depuis plus de 10 ans.

Ce pays investit dans les énergies renouvelables depuis les années 80. Aujourd’hui, elle s’alimente à 92 % d’énergie hydroélectrique, et destine sa production d’énergies fossiles à l’export. Dans un futur non défini, elle exportera peut-être les métaux nécessaires à la transition énergétique de l’Europe.

L’Agence norvégienne des produits pétroliers a révélé, fin janvier, que des quantités significatives de plus de 20 types de minerais, dont les terres rares, se cacheraient dans l’écorce des dorsales océaniques. Mais, à l’heure actuelle, les technologies et les solutions de production ne sont pas suffisamment mûres pour justifier une étude sur l’exploitabilité de ces ressources minières.

Camille Lin, PolarJournal

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