Persévérance, la science polaire à la voile | Polarjournal
La motorisation du voilier lui permet d’aller dans les pôles, elle filtre ses émissions de particules fines et l’oxyde d’azote, et il se déplace tant que possible à la voile. Image : Polar Pod

Le chantier Piriou vient de livrer le voilier ravitailleur du Polar Pod, cette station dérivante imaginée par Jean-Louis Étienne qui enregistrera les changements physiques du climat aux confluences de l’océan Antarctique et du reste du globe. En attendant le Polar Pod, le navire se prépare à embarquer scientifiques, photographes et passagers pour croiser à la voile autour du Svalbard.

D’épaisses lettres noires sur fond métallique : Persévérances. Ce 28 février à Hô-Chi-Minh, le chantier Piriou livre enfin le voilier ravitailleur de la station polaire dérivante Polar Pod à son armateur, après des essais concluants. « Le moteur on savait qu’il marchait, et on l’a testé à la voile, il est bon, donc : heureux ! », se réjouit Jean-Louis Étienne, cet explorateur qui « met ce qu’il sait faire au service d’une idée, l’idée de partir en voyage (…) à la découverte », comme il l’a si bien dit au micro de France Culture.

Persévérance est « plus léger qu’un navire en acier, il consomme moins et offre de meilleures performances », nous assure l’ingénieur en chef Aurélien Hébrard. Sa coque en alu renforcée pour la glace se rendra au printemps à l’archipel du Svalbard. Elle emmènera scientifiques, photographes et croisiéristes conquis par l’écotourisme gouter aux plaisirs de la navigation à la voile dans les fjords de l’archipel.

Premiers essais du voilier avant la livraison pour mettre au point les derniers ajustements pour se préparer au convoyage vers la France, puis les pôles. Crédit : Polar Pod

Le navire plantera l’ancre au pied des vallées glaciaires. Des photographes aguerris tels que Férial ou Florian Ledoux seront du voyage. Jean-Louis Étienne, incroyable puits de science, garantira l’inoubliable. Des scientifiques seront à bord pour calibrer les instruments de Météo France, du CNRS et de l’Ifremer et enregistrer les premières mesures.

L’aventure commence déjà, l’équipage se réunit à quai pour partir mi-mars vers l’Europe. « Le commandant, les matelots et le chef cuistot sont déjà arrivés », ajoute Aurélien Hébrard.

Un bon marcheur, « il avance bien, 15 nœuds sur le fond avec 20 nœuds dans le travers, détaille l’ingénieur. Et on a encore de la marge. » Deux mâts de 33 mètres sont boulonnés sur la goélette. Le principal a un nid de pie pour scruter les glaces. La garde-robe de Persévérance s’adapte à toutes les circonstances. Grand-voile, Yankee, trinquette, foc, tourmentin, 754 m2 de toile si besoin.

Quarante-deux mètres dans la longueur, 11 au maître-bau et avec un franc-bord prononcé les espaces sont volumineux et confortables. Huit cabines passagers et 5 cabines équipages s’intercalent avec un laboratoire et plusieurs carrés. Elsa Pény-Étienne, directrice des expéditions du Polar Pod, décrivait à Voiles et Voiliers les finitions intérieures : « Je suis partie sur du placage de bois exotique, dans les tons chauds, un peu rouge avec du rose très pâle. Le tissu utilisé dans le carré et dans les cabines vient de chez Casamance. Ce sont des motifs art déco avec beaucoup de caractère. »

Elsa Pény-Étienne, architecte d’intérieur et surtout directrice des expéditions du Polar Pod, contrôle la finition des aménagements intérieurs et des cabines. Crédit : Polar Pod

Un laboratoire de 23 mètres carrés accueillera des scientifiques pour enregistrer les caractéristiques des eaux et de l’atmosphère que traversera le navire. « Il est équipé d’un ensemble de capteurs, imbriqués dans une Ferrybox, qui mesure l’activité photosynthétique et autres paramètres décrivant l’océan. Une station Météo France sera perchée dans la mâture, à son arrivée en France. » nous explique Cécile Malavaud, médiatrice scientifique du Polar Pod. Ces données seront cruciales, car Persévérance naviguera là où très peu de navires s’aventurent.

« Des guides naturalistes raconteront l’histoire des lieux et de la biodiversité qu’ils hébergent et sensibiliseront les personnes embarquées à la fragilité de la nature, complète-t-elle. Ils établiront également un lien avec des lycéens et des collégiens français qui suivent le projet Polar Pod. » Un projet durable de science à la voile.

Camille Lin, PolarJournal

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