Canada – De nouveaux refuges pour les femmes inuits sans domicile | Polarjournal
Au Nunavik 53 % des familles vivent dans des conditions de surpeuplement, c’est-à-dire au moins 3 personnes par chambre, 38 % des familles du Nunavut sont aux prises avec ce problème : deux records au Canada. Image : Ian Schofield

Les femmes victimes de violences ou qui n’ont pas accès à un logement sont soutenues par l’association Pauktuutit qui vient d’avoir les financements pour construire 13 abris d’urgence et 15 logements de transition dans les provinces de l’Arctique canadien.

Le 22 février Pauktuutit, l’association canadienne dévouée à la cause des femmes inuites, annonce avoir remporté une victoire après plus de 37 ans de bataille juridique. Son projet de soutien aux sans domiciles ou victimes de violences a été approuvés par la Société canadienne d’hypothèques et de logement ainsi que les Services aux Autochtones du Canada, par le financement de refuges et de logements de transitions. La Journée internationale des droits des femmes nous rappelle à quel point c’est important.

L’association planche sur 13 abris d’urgences et 15 logements de transition. Les conditions de financement limitent le coût de ces constructions à 7,2 millions de dollars par abris et cinq-cents mille dollars par logement. Pour le bon fonctionnement des refuges, un million de dollars seront versés chaque année.

Trois milles logements

Les communautés inuites du Canada subissent une crise du logement de longue date. Selon une étude publiée en janvier dernier par le Scandinavian Journal of Public Health il manquerait 3 000 logements dans la région du Nunavut. Ce territoire concentre 62 % de la communauté inuite du pays. Pour cause, l’État et les régions n’investissent pas dans la construction et l’économie locale ne permet pas d’importer matériel et main-d’œuvre.

« Cette crise touche des hommes, des familles et des femmes seules, nous explique Amir Sultan, sociologue à Paris Saclay et auteur de l’étude. Les femmes viennent de classes sociales variées, certaines n’ont pas d’emploi, d’autres sont employées mais leurs revenus n’est pas suffisants. » L’équipement des ménages est également un facteur de difficulté, les logements ne sont parfois pas chauffés ou sont très mal ventilés et ne répondent pas au standard du reste du Canada.

Brochure de l’association Pauktuutit qui représente toutes les femmes inuites du Canada, environ trente mille personnes et oeuvre pour leur développement social, culturel et économique. Image : Pauktuutit

En 2019, le magazine Build publiait un article sur les maisons modulaires en kit qui peuvent être assemblées en moins d’une semaine. Une possible solution pour endiguer le surpeuplement, qui touche aussi les autres régions du pays, dans de moindres mesures. « Le Canada est une terre d’immigration. L’activité économique est propice dans le sud, moins dans le nord où les conditions climatiques sont plus dures », commente le sociologue.

« Beaucoup vivent dans la pauvreté, et les soins de santé mentale sont inexistants […] Tout ce que nous réclamons, c’est le respect de nos droits fondamentaux », a plaidé Mumilaaq Qaqqaq en 2017 lors de l’événement Héritières du suffrage organisé par l’Université d’Ottawa, selon le quotidien numérique canadien La Presse. Mumilaaq Qaqqaq a été une jeune élue de 29 ans qui a emporté les élections de 2019 pour représenter le Nunavut à la Chambre des communes du Canada avec 41,2 % des suffrages.

« Elle a fait campagne notamment sur l’accès au logement », nous rappelle Amir Sultan. Un meilleur accès au logement permettrait de réduire les problèmes de santé chez les femmes de l’Arctique canadien. « L’investissement immobilier devrait être facilité, conseille-t-il, il faudrait également que le prix du transport maritime soit allégé de ses taxes, importer le savoir-faire chez les locaux pour réduire les coûts de main-d’oeuvre et inclure la communauté inuite dans les décisions du plan d’urbanisation. »

Camille Lin, PolarJournal

Lien vers l’étude : Sultan, A., 2023. Solving the housing crisis in Nunavut, Canada. Scand J Public Health 14034948231152636, https://doi.org/10.1177/14034948231152637.

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