Svalbard : BRICS pour une future station de recherche | Polarjournal
Bien que toujours active, la production de charbon de Barentsburg est plutôt anecdotique, servant principalement à alimenter la consommation locale. Toutefois, la ville pourrait bientôt devenir une station scientifique internationale. Image : Michael Wenger

Une station scientifique internationale au Svalbard devrait être développée par la société minière russe Trust Arktikugol. C’est du moins ce qu’envisage le ministre russe du Développement de l’Extrême-Orient et de l’Arctique, Alexey Chekunov qui souhaite y inclure les pays constituant le groupe BRICS.

La société Trust Arktikugol (charbon arctique en russe) développera la station scientifique internationale sur l’archipel du Svalbard, avec ses homologues BRICS, a déclaré le 5 avril dernier Alexey Chekunov, ministre russe du Développement de l’Extrême-Orient et de l’Arctique à Telegram, information reprise par l’agence de presse russe, TASS.

La Russie dispose d’une station de recherche à Barentsburg, ville minière gérée par Trust Arktikugol, station qui pourrait devenir internationale en collaboration avec les autres pays du BRICS.

Présenté comme un contrepoids à la puissance des  États-Unis et de leurs alliés, BRICS est l’acronyme pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Ce groupe se réunit depuis 2011 en sommets annuels. En ce qui concerne la recherche scientifique au Svalbard, la Chine et l’Inde y sont déjà présentes. La Chine y dispose d’une station permanente, la Yellow River Station, depuis 2003, où elle étudie les aurores boréales et mènent des recherches sur la glace et l’atmosphère. Quant à l’Inde, elle dispose de sa propre station de recherche arctique permanente, Himadri, depuis 2008 où elle effectue des recherches dans les domaines atmosphérique, biologique, marin et glaciologique. Toutes deux sont situées au sein de la station norvégienne de Ny-Ålesund.

Une coopération avec d’autres nations non-Arctiques dans le domaine de la recherche scientifique est souhaitée par la Russie, surtout depuis que le pays connaît des tensions avec le Conseil arctique, gelant du même coup la collaboration scientifique entre nations. 

Le secteur touristique également mis en avant 

Un an plus tôt, le gouvernement russe avait ordonnée au ministère de prendre en charge la gestion de l’entreprise Arktikugol qui possède au Spitzberg une superficie de près de 251km2. Cette dernière assurait une présence russe au Spitzberg depuis 1931. Cette compagnie minière de charbon, propriété de l’État russe, a exploité les mines de Pyramiden, jusqu’à leur fermeture en 1998, ainsi que celles de Barentsburg. 

Durant près d’un siècle, Arktikugol a exploité les villes minières de Pyramiden (ici en photo) et de Barentsburg. Si cette dernière est toujours active, Pyramiden a définitivement cessé ses activités en 1998, faute de rentabilité. La ville est aujourd’hui une ville quasi fantôme, si ce n’est lors des visites de touristes. Image : Buibuione, Wikicommons CC-BY SA 4.0

« L’avenir d[’Artktikugol] serait de ralentir systématiquement la production de charbon, de développer le tourisme (nos villes sont les colonies les plus septentrionales de la planète), de développer la station scientifique internationale arctique, y compris avec les homologues des BRICS », écrivait le ministre. Le développement d’un complexe muséal visant à préserver « l’héritage soviétique-arctique unique » d’Arktikugol est également envisagé.

Plus tôt, le ministre a déclaré que le charbon n’était pas l’avenir du Spitzberg. « Depuis des décennies, l’entreprise subit des pertes, avec des infrastructures vétustes, avec du personnel principalement ukrainien. Elle produit du charbon de mauvaise qualité, et maintenant l’entreprise est prise dans des blocus de transport, financiers et commerciaux. Personne n’a été autorisé, aucun charbon n’a été acheté, les (acteurs touristiques) ont annoncé un boycott. Nous avons changé l’équipe de direction, […] avons alloué des fonds du budget fédéral pour moderniser les infrastructures à Barentsburg et Pyramiden, avons attiré de grandes entreprises russes à consommer le charbon du Spitzberg », a ajouté le ministre.

Arktikugol a souvent essuyé des critiques pour sa gestion et ses installations qui tombaient en ruine, de même que pour les conditions de travail auxquelles étaient soumis ses employés.

Aussi, et depuis quelques années, Arktikugol cherche à se renouveler dans un secteur plus rentable que le charbon, soit le tourisme. Plusieurs investissements ont été entrepris dès les années 2010 afin de rénover les infrastructures existantes pour répondre à l’engouement touristique de plus en plus marqué pour l’archipel.

Reste à savoir si des cendres de l’industrie du charbon naîtront les infrastructures nécessaires au développement du tourisme et de la recherche scientifique du côté russe. 

Image d’illustration : Mirjana Binggeli

Mirjana Binggeli, PolarJournal

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