Le retour de Pacifique dans l’Arctique | Polarjournal
Que Sera va rejoindre l’Alaska à partir de Terre-Neuve en passant par le Groenland et le passage du Nord-Ouest. Image : Pacifique

La goélette Mauritius de Pacifique a dû stopper son expédition dans l’Arctique après un problème d’assurance. L’association affrète un nouveau bateau pour poursuivre ses projets scientifiques et artistiques.

Cette année, l’expédition reprendra grâce à l’affrètement du Que Sera, un voilier de 18 mètres en aluminium. Il serait plus adapté au passage du Nord-Ouest que la goélette en acier de 24 mètres Mauritius.

Celle-ci a passé l’hiver 2021-2022 dans la baie de Disko à l’Ouest du Groenland, quand Pacifique a été informée par son assurance qu’elle ne pouvait plus naviguer au-delà du 60e parallèle, compromettant l’expédition. Mauritius avait pourtant été préparée par un capitaine qui avait l’habitude de naviguer à la voile en Antarctique.

Maintenant que la question de l’assurance est réglée, Stéphanie Stiernon, directrice de Pacifique, est confiante sur la reprise de l’expédition. « Il y a des chiffres qui sont sortis : 20 % du temps les glaces ne s’ouvrent pas, voilà encore une inconnue », ajoute-t-elle. Mais tout laisse présager que cet été, le passage s’ouvrira à la navigation sous voile.

Le parcours en pointillé dessine le chemin qu’il reste aux voiliers de Pacifique pour boucler leur nouvelle saison arctique. Image : Pacifique

Que Sera récupérera le matériel scientifique à bord de Mauritius actuellement en route vers le port de Saint-Jean de Terre-Neuve d’où repartira l’expédition. Le voilier en aluminium mettra le cap sur le Groenland avant de virer vers l’ouest pour rejoindre le sud de l’Alaska.

Habituellement, Pacifique accueille des adolescents en séjour de rupture. Ils laissent derrière eux un environnement familial compliqué, un foyer ou un établissement pénitentiaire. Ces derniers découvrent la vie à bord, la navigation à la voile et les escales. « On s’est rendu compte que lorsque Mauritius était là-haut, les conditions de navigation étaient un peu extrêmes pour la plupart des jeunes, alors que les scientifiques veulent y aller », explique Stéphanie Stiernon.

À l’instar de Dr. Daniel McGinnis, de l’Institut Forel de l’Université de Genève, les chercheurs ont besoin de données dans les pôles. Ce dernier pourra relancer ses mesures de gaz à effet de serre à partir de la côte ouest du Groenland stoppées en 2022. Cette fois-ci, il ne se rendra pas à bord. Mais deux de ses étudiants se chargeront de collecter l’eau, extraire le gaz, envoyer les échantillons au laboratoire et veiller sur les capteurs atmosphériques. Un travail de terrain passionnant pour ces jeunes chercheurs.

Que Sera hivernera probablement dans le sud de l’Alaska à l’issue du programme estival. Image : Pacifique

« Il y a des courants qui dans l’Arctique remontent avec des eaux pauvres en carbone, et absorbent le CO2 de l’atmosphère une fois à la surface. » explique-t-il. Les données montreront où ont lieu ces mécanismes et inversement détecteront peut-être des sources, comme pendant l’éruption du volcan Fagradalsfjall lorsqu’ils longeaient l’Islande il y a deux ans.

Trois femmes embarqueront également avec l’intention de documenter la contribution des Inuites, des Canadiennes et autres exploratrices à la découverte de l’Arctique. Jessica Houston est artiste peintre et photographe, Okalik Eegeesiak, spécialiste de la gouvernance inuite, et Noémie Planat, scientifique de l’atmosphère. « Elles veulent construire un récit artistique et scientifique des exploratrices qui ont navigué dans ces régions, tout en travaillant avec les populations locales qu’elles rencontreront », ajoute Stéphanie Stiernon. Le voilier accueillera aussi les artistes en résidence du projet Sillages, une série de publications poétiques et dessinées menée depuis le début de l’expédition.

Camille Lin, PolarJournal

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