La garde et la fanfare royale de Norvège ont rendu visite au manchot Sir Nils Olav III, qu’elles ont promu major général, au zoo d’Édimbourg, la semaine dernière, à l’occasion de leur représentation au festival des fanfares militaires de la ville.
La semaine dernière, un manchot royal du zoo d’Édimbourg, Sir Nils Olav III, baron de l’île de Bouvet – île norvégienne proche de l’Antarctique – a été promu major général par la garde royale de Norvège. Ce rang militaire élevé – celui d’un général en charge d’une brigade -, s’il fait parler de ce manchot, lui offre-t-il des avantages ?
La cérémonie a eu lieu lors du festival international de fanfare militaire d’Édimbourg. La Garde Royale Norvégienne et sa fanfare invitées pour cette édition n’ont pas manqué de rendre visite à leur mascotte officielle qui vit dans le zoo de la ville.
Sir Nils Olav III est le troisième d’une dynastie de manchots royaux devenus mascottes pour ce corps d’élite norvégien. Le premier a été adopté en 1972 par le sergent-major Nils Egelien, sous le règne d’Olav V. « Nils Egelien est tombé amoureux de la colonie de manchot du zoo, leur marche royale lui rappelant celle des soldats de la garde. » explique Amy Middleton, cheffe de la communication de la Royal Zoological Society of Scotland.
À chaque fois que la garde royale se produit à Édimbourg, elle rend visite à sa mascotte. À huit occasions, ces derniers ont successivement gravi les échelons, de caporal en 1982, jusqu’à major général la semaine dernière. Quand elles ne peuvent pas venir, la garde royale et sa fanfare participent financièrement à l’alimentation des manchots du zoo.
Son grade et son lieu de vie rappellent l’amitié entre le Royaume-Uni et la Norvège, qui s’est traduite par des accords de libre-échange depuis le Brexit ou encore l’ouverture d’une nouvelle base britannique de commandos de marine près de la frontière entre la Russie et la Norvège en mars dernier.
« C’est un moment de grande fierté qui témoigne de l’étroite collaboration entre l’Écosse et la Norvège. » déclare David Field, Chief Executive of the Royal Zoological Society of Scotland.
À l’avant-garde du droit animalier
« Cet exemple tend vers une reconnaissance de la personnalité de l’animal et de ses compétences, nous explique Murielle Falaise, maître de conférences en droit privé à l’Université Lyon III Jean Moulin. Ce n’est pas le pendant de la personnalité comme on le conçoit chez les humains, un certain nombre de cas existent déjà, comme les chevaux de la garde nationale, les chiens renifleurs ou encore les chiens guide de personnes malvoyantes. »
Cette reconnaissance n’est absolument pas contraignante d’un point de vue légal, mais s’inspire du philosophe Tom Regan. Ce dernier explorait ce raisonnement : les animaux vivent en défendant leurs intérêts, ce qui leur conférerait la possibilité d’avoir des droits, comme bénéficier d’une retraite, ce qui n’est pas souvent le cas pour les chevaux de course par exemple.
C’est ce que défend l’association White Rabbit concernant les lapins de laboratoire en bonne santé, qui devraient bénéficier d’une retraite après leur temps de service. Des revendications qui s’appuient également sur la Déclaration universelle des droits de l’animal de 1978 – également non contraignante-, qui incite au respect des animaux capables d’éprouver subjectivement des expériences vécues, reconnu par la science dans certains cas. Cette déclaration ne remet pas en cause l’utilisation d’animaux par l’être humain.
Qu’en est-il pour Sir Nils Olav III ? Éprouve-t-il des expériences vécues subjectives ? Son travail de représentation est-il éprouvant au point de mériter une retraite ?
Des question encore sans réponse rationnelle. Les conditions de vie en zoo sont parfois critiquées. Cependant, les vétérinaires assurent qu’ils mesurent leur bien-être et sont vigilants à ce qu’ils soient bien nourris et que leurs conditions de vie soient à la hauteur de leur biologie.
Sir Nils Olav III fait partie d’une espèce protégée, lui et ses congénères permettent aux scientifiques d’en apprendre plus sur ces oiseaux avant de les étudier dans leur lieu de vie naturel. Et peut-être que les services rendus par ces oiseaux pourraient un jour être considérés comme des emplois, avec tout ce que cela implique.
Camille Lin, PolarJournal
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