L’augmentation du tourisme de croisière au Groenland est depuis longtemps un sujet de discussion, tant au sein de la population que de la politique groenlandaise. La gestion du surcroît de travail occasionné par le nombre croissant de passagers et d’escales figure en tête de liste. Il est prévu que les opérateurs de croisière paient des taxes plus élevées par passager et pour l’utilisation de l’infrastructure, et ce dès l’année prochaine.
Une majoration de 50 couronnes danoises (environ 7 euros) par passager et un doublement de la taxe portuaire pour les grands navires de croisière à partir du 1er janvier 2024 sont deux des points que le gouvernement groenlandais soumettra au Parlement pour discussion à partir du 22 septembre. C’est ce qu’écrit le ministère des Finances et de l’Égalité des chances dans un communiqué de presse publié récemment. Les autres points figurant dans le projet de loi sont l’exonération des taxes portuaires pour certains navires de croisière et une réduction des taxes pour les grands paquebots à Nuuk. En outre, les petits navires de croisière (navires d’expédition) ne seraient pas concernés par l’augmentation de la taxe sur les passagers.
Plus d’argent ne crée pas seulement plus de plaisir
La proposition du gouvernement ne fera pas la joie de tous les partis, même si les recettes supplémentaires, qui s’élèveront à environ 5 millions de DKK (environ 670 000 euros) grâce à l’augmentation des taxes et jusqu’à 6 millions de DKK (environ 800 000 euros) grâce aux modifications des taxes portuaires, devraient constituer un argument de poids. La crainte est trop grande chez certaines parties prenantes que la mise en œuvre rapide à partir du 1er janvier 2024 ne décourage les exploitants de navires.
La discussion sur les modifications n’est pas non plus nouvelle, elle a lieu depuis le début de l’été. À l’époque, les opposants aux augmentations avaient arraché au gouvernement la proposition de ne pas mettre en vigueur toute modification ou augmentation avant 2025. La nouvelle proposition représente toutefois un revirement et devrait avoir l’effet d’une gifle. La raison pour laquelle le gouvernement insiste sur une mise en œuvre rapide devrait toutefois être claire. En effet, premièrement, la plupart des exploitants de navires ont déjà établi et publié leurs horaires pour l’année prochaine. Deuxièmement, cette saison de croisières, avec près de 700 visites dans les 19 sites du Groenland, a montré que la plupart des sites peuvent difficilement gérer le nombre de visiteurs par jour. L’infrastructure n’est tout simplement pas conçue pour accueillir des milliers de visiteurs. Les recettes supplémentaires devraient changer la donne.
Nouvelle taxe environnementale et d’entretien dans les municipalités groenlandaises
Un autre point qui devrait susciter des discussions, mais aussi des recettes supplémentaires, est l’introduction d’une taxe environnementale et d’entretien dépendant de la commune. Selon des estimations approximatives, celle-ci devrait rapporter 15 millions de couronnes danoises (environ 2 millions d’euros) dans les caisses des communes. Selon les idées du gouvernement, il revient aux communes elles-mêmes de fixer le montant des taxes. Les petites et très petites communes devraient ainsi disposer d’un instrument leur permettant de profiter de l’augmentation du nombre de visiteurs et de développer leurs infrastructures en conséquence, sans que le gouvernement ne doive débloquer davantage d’argent. Dès l’annonce de la taxe, début juillet, des inquiétudes ont été exprimées par l’industrie des croisières d’expédition quant à son application. En effet, on y voit des difficultés au niveau de la charge administrative et de la planification pour les compagnies maritimes, car la taxe sera très différente selon le lieu de débarquement et le nombre de passagers débarqués. Les voyages d’expédition, qui dépendent de l’improvisation en matière de routage en raison de conditions qui changent rapidement, rencontrent ainsi de grandes difficultés.
Il reste à voir si le compte est bon à la fin du calcul. La ministre des Finances et de l’Égalité des chances Naaja H. Nathanielsen s’en montre toutefois convaincue. « L’estimation du montant dans la proposition est conservatrice. L’évolution future du nombre de passagers, d’escales de bateaux et de débarquements, dépendra également de la manière dont les communes choisiront le montant des taxes et les sites », explique-t-elle dans une lettre.
L’augmentation des taxes touche en premier lieu les exploitants des grands navires de croisière, ce qui devrait probablement susciter des critiques de leur part. Mais l’intérêt et la demande croissants des touristes de croisière classiques et les perspectives de faire encore suffisamment de bénéfices malgré l’augmentation devraient rapidement faire taire ces critiques. En effet, les grands bateaux de croisière n’ont plus beaucoup de possibilités de se dérober lorsqu’il s’agit de faire découvrir une région arctique à ces passagers.
Dr. Michael Wenger, PolarJournal
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