Réformer pour réduire les dépenses et augmenter les recettes. Un projet de loi sur les finances et une proposition d’assouplissement de la loi sur les dividendes seront débattus au Parlement groenlandais à la fin du mois.
Nous en parlions déjà lundi, le Parlement du Groenland verra sa rentrée politique chargée. Parmi les projets soumis au législatif par le Gouvernement du Groenland, Naalakkersuisut, un projet de révision de la loi sur les finances 2024. Présentée par l’exécutif le 8 août dernier, elle se base sur différents constats.
Après prise en compte de l’inflation, le taux de croissance estimé pour le Groenland est de 0,8% en 2023. L’inflation pour l’année est estimée à 5% – en janvier 2023, l’inflation au Groenland était de 2,75%, soit bien moins que le Danemark qui atteignait les 8,4%.
Avec 3,7% de taux de chômage, le nombre de demandeurs d’emploi n’a jamais été aussi faible depuis plus de dix ans, entraînant même un manque de main d’œuvre pour certains secteurs. En outre, la valeur des exportations, principalement liées à l’industrie de la pêche, a augmenté de 22% par rapport à 2021. L’île exporte le 98% de sa pêche générant DKK 5,8 milliards (plus de 777 millions d’euros).
Malgré un bilan qui peut sembler plutôt positif, le gouvernement craint de voir les finances publiques plonger dans les chiffres rouges si une réforme n’est pas engagée afin de réduire le niveau des dépenses et augmenter les recettes publiques. D’où la présentation d’un plan de durabilité et de croissance s’appuyant sur quatre axes de réforme visant à assurer la stabilité économique du Groenland : augmenter le niveau d’éducation et de compétence ; garantir une croissance durable et la transition vers une économie à plusieurs volets ; assurer la pérennité du secteur public ; et réformer le système fiscal et les prestations sociales, de logement et aux personnes âgées.
Le Gouvernement du Groenland veut en outre mettre la priorité sur la jeunesse, la santé et les personnes âgées, avec de nouvelles allocations familiales, des efforts de recrutement renforcés dans le domaine de la santé et des améliorations en matière de formation dans le secteur de la pêche. Sur ce dernier point, des fonds de plus d’un million de couronnes danoises (plus de 140 000 euros) ont été réservés pour le démarrage d’un baccalauréat en biologie arctique.
Dans sa proposition de loi des finances 2024, le ministère des Finances et de l’Égalité estime en outre que les fonds du secteur public devraient être utilisés dans le but d’encourager la croissance de la société à s’appuyer davantage sur le secteur privé.
C’est peut-être dans cette optique que Naalakkersuisut a présenté la semaine dernière une proposition visant à modifier la loi afin de rendre les investissements sur l’île plus attractifs en assouplissant l’impôt sur les dividendes. Le projet vise en particulier les entreprises qui disposent d’un permis d’exploitation des matières premières ou de l’hydroélectricité, ainsi que les compagnies qui exploitent commercialement la glace et l’eau.
Soumis aux milieux économiques, le projet n’a pas suscité l’enthousiasme, soulevant plutôt doutes et inquiétudes quant aux effets réellement positifs d’un changement de loi et aux coûts qu’il engendrerait pour sa mise en place. Après avoir examiné la proposition du gouvernement, ni l’organisation patronale Grønlands Erhverv, ni la Banque du Groenland n’ont émis d’avis positifs, considérant que le projet coûterait plus qu’il ne rapporterait, créant des dépenses publiques supplémentaires en termes de bureaucratie.
Cette proposition relative à l’impôt sur les dividendes, ainsi que le projet de loi sur les finances seront discutées au parlement à l’ouverture de sa session d’automne le 22 septembre prochain.
Mirjana Binggeli, PolarJournal
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