Protection de la faune de l’Antarctique contre la grippe aviaire, de nouvelles règles | Polarjournal
La station américaine Palmer est l’une des trois stations concernées par les nouvelles mesures de l’USAP. Dans ses environs, plusieurs colonies de manchots sont surveillées, parfois depuis des décennies. Et celles-ci doivent être protégées contre le virus de la grippe aviaire. Image : Michael Wenger

Ne pas visiter une colonie d’oiseaux marins et même ne pas entrer en contact avec un grand rassemblement d’oiseaux dans et autour des points d’embarquement pour les départs vers l’Antarctique et surveiller de près les animaux sur les sites de débarquement avant de débarquer près des colonies sont les dernières mesures publiées par l’USAP sur son site web. L’objectif est d’éviter que les chercheurs ou le personnel des stations n’introduisent par inadvertance le virus IAHP H5N1 dans les colonies de manchots ou de phoques lors de leur voyage vers l’Antarctique. « Il existe un risque très élevé que le virus hautement contagieux de la grippe aviaire HPAI-H5N1 arrive dans l’océan Austral pendant la saison d’été australe 2023/24 », écrit l’USAP dans son communiqué de presse.

Les mesures de l’USAP concernent toutes les personnes qui se rendent dans les stations américaines Amundsen-Scott, McMurdo ou Palmer. Cette dernière, en particulier, est très menacée, car le virus de la grippe aviaire fait désormais des ravages au Chili et aurait tué des centaines de manchots de Magellan. Image : Cody Johnson, USAP

Ces mesures, qui figurent sur le site web de l’USAP, s’appliquent à toutes les personnes qui se trouveront cette saison dans les stations Amundsen-Scott, McMurdo ou Palmer, quelle que soit la durée de leur séjour ou la raison de leur présence. Les autorités considèrent cette dernière comme particulièrement menacée, car elle est approvisionnée par les brise-glaces depuis Punta Arenas. Mais comme le virus est désormais largement répandu au Chili et qu’il est tenu pour responsable de la mort d’environ 900 manchots de Magellan et de quelque 3 300 otaries, les autorités mettent en garde contre toute visite d’une colonie de manchots ou d’autres régions où les oiseaux de mer ou les phoques sont fréquents.

Ces deux mesures ne sont toutefois que deux d’un catalogue complet déjà introduit l’année dernière et soutenu à la fois par le Conseil des gestionnaires des programmes nationaux antarctiques COMNAP et l’Association des exploitants de tours en Antarctique IAATO. Il s’agit notamment de désinfecter soigneusement tout ce qui a été en contact avec le sol (bottes, bâtons, perches, etc.), de ne pas s’asseoir, s’agenouiller ou se coucher lorsque des animaux se trouvent à proximité, d’interdire absolument de toucher les animaux morts et de rapporter tout comportement inhabituel des oiseaux et des phoques.

Il est vrai que le virus se propage surtout par les mouvements migratoires des oiseaux de mer et des phoques. Mais il est difficile de l’empêcher, alors que le risque d’introduction par l’homme peut être réduit si les mesures sont appliquées consciencieusement. L’année dernière, aucun cas de foyer d’IAHP H5N1 n’avait été signalé. Mais à l’époque, le virus n’était pas encore si proche. En outre, on ne savait pas dans quelle mesure les mammifères marins comme les phoques seraient également touchés. « L’IAHP se traduit par une mortalité très rapide et très élevée (jusqu’à 100 %) dans les groupes d’animaux infectés », expliquent les experts.

Les îles Falkland s’inquiètent également de l’approche du virus et tentent d’empêcher sa pénétration par des mesures similaires. Mais elles ne seront guère efficaces contre les oiseaux migrateurs. Image : Michael Wenger

L’Antarctique et les îles subantarctiques ne sont pas les seules à s’inquiéter de ce virus qui progresse de plus en plus vers le sud. Les îles Falkland sont également concernées. En effet, de nombreux oiseaux marins s’y rendront cet été pour mettre au monde leur progéniture, après s’être remplis le ventre autour des côtes sud-américaines. Ils représentent le plus grand risque d’introduction du virus HPAI H5N1. Afin d’éviter que les visiteurs n’augmentent le risque, des mesures de protection sont désormais en vigueur.

Bien que ces mesures n’aient été communiquées que par l’USAP, les autres programmes nationaux de recherche devraient envisager des durcissements similaires. On saura bientôt si l’IAATO interdit également à ses membres de visiter des colonies d’oiseaux ou de phoques en dehors de l’Antarctique, ou du moins si elle les déconseille.

Dr. Michael Wenger, PolarJournal

Lien vers le site de l’USAP

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