Lancement du One Planet – Polar Summit, le voile se lève | Polarjournal
Le mont Ross abrite l’un des principaux glaciers de l’archipel des Kerguelen, les autres formant la calotte glaciaire Cook. Image : Camille Lin

Le sommet One Planet – Polar Summit accueillera scientifiques, explorateurs, mécènes, ONG et représentants politiques, pour officialiser un discours sur l’effondrement de la cryosphère et fédérer des pays autour de cette cause.

Hier, Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur français des pôles, a dévoilé une partie du programme du One Planet – Polar Summit, lors d’une conférence de presse. Comme nous l’avions déjà écrit, il se tiendra du 8 au 10 novembre, entre le Muséum national d’Histoire naturelle et le Palais Brongniart, en préambule du Forum de Paris sur la paix.

Le 7 au soir, un film fera l’ouverture de l’événement, avec la projection en avant-première de Voyage au pôle Sud, de Luc Jacquet – réalisateur de La Marche de l’empereur. Au cours des journées suivantes, des tables rondes seront organisées avec des explorateurs tels que Jean-Louis Étienne ou ceux de la Fondation Tara Océan.

Ces derniers apportent émerveillement, rêve, et leurs témoignages sont marqués par les épreuves du terrain. Ils portent également des projets de support technique à la science. À l’œuvre pour certains, à l’étude pour d’autres. Pour faire grelotter l’audience, des photographes et des vidéastes seront aussi de la partie.

Dans cette ambiance polaire, le message central sera porté par 300 scientifiques le 8 et le 9 novembre. Ils formuleront les constats les plus robustes et récents sur « l’effondrement de la cryosphère », leurs causes et leurs conséquences. Puis, ils porteront à la connaissance des politiques des pays concernés et présents des recommandations pour limiter l’ampleur de cette disparition et s’adapter.

Nombreux sont les scientifiques français qui examinent les enjeux polaires et nombreux sont ces derniers. La société savante dédiée aux pôles, le CNFRAA, sera partie prenante de l’organisation de l’événement. Sa présidente, Anne Choquet-Sauvin espère « que ce sera aussi l’occasion d’envoyer des signaux forts pour mettre en place un grand programme de recherche national sur les sciences polaires avec des projets ambitieux. »

Des chercheurs internationaux seront également présents, de l’Alfred-Wegener-Institut par exemple ou encore de l’Organisation Météorologique Mondiale et du Swiss Polar Institute. Mais la liste complète est en cours d’élaboration, seuls Antje Boetius et Jérôme Chappellaz sont pour l’instant annoncés. La climatologue française Valérie Masson-Delmotte introduira le Forum.

Des membres du World Glacier Monitoring Service seront également présent au sommet. Selon eux rien que la péninsule Antarctique compte plus de 1 000 glaciers différents. Image : Camille Lin

« L’effondrement de la cryosphère ne concerne pas que les pays qui disposent de glaciers ou qui sont proches de l’Arctique ou de l’Antarctique. » rappelle Olivier Poivre d’Arvor. La fonte des pôles et des glaces de haute montagne, combinée au réchauffement de l’eau, pourraient, en fonction de la quantité de gaz à effet de serre émis d’ici à 2100, entraîner une élévation du niveau marin de plus d’un mètre, en moyenne, menaçant tous les pays littoraux.

Au Bangladesh, la montée des eaux a déjà un impact sur l’agriculture et l’eau potable à cause de la salinisation des terres et des nappes phréatiques. Autre exemple, les îles du Pacifique sont sujettes au risque grandissant de submersion. Les répercussions sur la disponibilité en eau potable concernerait un milliard d’êtres humains d’ici à 2050. D’ici à 2100, un milliard et demi seront concernés de près par la montée des eaux.

Les deltas du Gange, du Brahmapoutre et de la Meghna constituent l’une des zones les plus sensibles à l’élévation du niveau de la mer, avec une densité de population de près d’un millier d’habitants au kilomètre carré. Image : ESA

Donc, le 9 dans l’après-midi, des constats « préoccupants » et des recommandations seront transmis aux responsables d’une quarantaine de pays, « responsables politiques, autorités, scientifiques et, pour certains pays, des ministres. »

Le 10, « un déjeuner de travail réunira des chefs d’États et de gouvernements, une dizaine d’entre eux seront présents physiquement et d’autres à travers des témoignages. » annonce l’ambassadeur avec l’espoir qu’ils se rallient à cette cause.

Une séance publique clôturera l’événement en introduisant le suivant, le Forum de Paris sur la paix. Ce moment sera dédié au grand public qui sera informé des résolutions prises. En espérant qu’elles soient à la hauteur des enjeux.

Des pays pourraient alors rejoindre la coalition « Ambition of melting ice », qui réunit des pays préoccupés par la fonte des glaces, dont le secrétariat est assuré actuellement par l’Islande et le Chili.

La fonte de la glace peut être accélérée par la croissance de mousses noires à sa surface ou par le dépôt de particules de combustion, également noires. Image : Derek Ford

L’événement pourrait aussi être l’occasion d’affirmer le soutien financier des infrastructures françaises dans les pôles qui nécessitent rénovation et reconstruction. La création d’un Conseil interministériel des pôles permettrait de réfléchir à une stratégie nautique optimisée en alliant enjeux de défense, souveraineté et protection des espaces naturels. Des projets formulés dans la Stratégie polaire du gouvernement et la proposition de loi de programmation polaire. Un texte qui n’attend plus qu’à être débattu dans l’hémicycle.

Le sommet sera l’occasion d’inaugurer, à la Bibliothèque Nationale de France, la création de la Fondation Albédo pour la Cryosphère, soutenue pour son lancement par Frédérik Paulsen, mécène et explorateur polaire. La fondation soutiendra des programmes scientifiques de recherche du CNRS, dont certains en collaboration avec le Québec.

Les acteurs économiques privés sont également invités à participer au One Planet – Polar Summit. « Le but n’est pas de faire de la publicité pour les croisières. » déclare l’ambassadeur des pôles lors de la conférence de presse, rappelant que le tourisme est une réalité et qu’il est impossible de l’interdire dans les pays qui en dépendent, mais qu’il est possible de le réguler.

Selon Anne Choquet-Sauvin, « il est indispensable d’aborder ce sujet, pour pouvoir construire des mesures qui limitent son impact sur la sécurité humaine et environnementale. »

Camille Lin, PolarJournal

Lien vers la page du sommet

En savoir plus sur le sujet :

error: Content is protected !!
Share This