Pour sa première visite officielle en Antarctique, le nouveau président argentin était accompagné du directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique AIEA, Rafael Grossi, pour lancer un nouveau projet de lutte contre la pollution microplastique.
À peine un mois après son investiture à la présidence de l’Argentine, Javier Milei a effectué sa première visite sur le continent antarctique. La délégation, constituée de Javier Milei, de la secrétaire présidentielle Karina Milei, du directeur de l’AIEA, ainsi que des ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de la Défense, s’est d’abord posée sur la base argentine de Marambio samedi avant de rejoindre la station Esperanza.
Rafael Grossi, directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique AIEA des Nations Unies depuis 2019, avait rencontré la semaine précédente le président argentin pour lui présenter le projet NUTEC Plastics qui depuis a été intégré dans le plan annuel antarctique 2023-2024.
Issu d’une initiative de l’AIEA et lancé en 2020, NUTEC Plastic est un programme d’étude de la pollution marine par les plastiques qui, jusqu’ici, couvrait l’ensemble des mers du monde à l’exception des mers antarctiques. Grâce à l’Argentine, NUTEC Plastics est désormais aussi présent dans les mers les plus australes. NUTEC Plastics vise également à lutter contre la pollution plastique à l’aide de technologies nucléaires. En utilisant des techniques nucléaires et isotopiques, il est possible de produire des données sur la distribution des microplastiques dans les mers du monde.
Dans un communiqué de presse, Milei déclarait que : « Grâce à ce programme, l’Argentine commencera un nouveau chapitre de sa longue et distinguée trajectoire en science antarctique. Grâce à des accords de coopération internationale, nous cherchons à améliorer nos capacités à fournir des informations scientifiques de qualité pour la prise de décision dans le cadre du Traité sur l’Antarctique ». « L’exercice de la science, la coopération et la préservation de l’environnement antarctique sont des axes prioritaires de notre politique étrangère antarctique », ajoutait-il avant de conclure : « L’Argentine renouvelle son engagement envers la communauté internationale, en apportant sa contribution pour notre bien commun et celui des générations futures ».
Suite à cette visite officielle, une équipe de recherche constituée de deux personnes effectuera durant un mois une évaluation de l’impact des microplastiques en étudiant leur présence et leur répartition dans l’environnement (eau de mer, lacs, sédiments, sable, eaux de rejet) et dans les déjections des colonies de manchot à proximité de la station scientifique argentine Carlini sur l’île du Roi-George dans les Shetlands du Sud.
Le soutien logistique et le transfert des chercheurs sera assuré par le ministère de la Défense et l’AIEA assurera la fourniture du matériel de laboratoire et le financement de formation. L’analyse des échantillons collectés sera effectuée par l’Institut Antarctique Argentin (IAA) qui coordonnera et diffusera l’activité scientifique et technologie en coopération avec les laboratoires de l’AIEA.
Alors que les réformes entamées par le président entré en fonction le 10 décembre dernier font déjà l’objet de mobilisations dans le pays, Javier Milei a également été critiqué pour ses projets de loi visant à éliminer la réglementation sur les activités productives dans des zones aux écosystèmes protégés. C’est notamment le cas d’une loi remontant à 2010 et qui protège les zones périglaciaires de l’exploitation minière que le projet de loi du président pourrait bien venir modifier.
L’introduction du programme NUTEC Plastics a ainsi soulevé quelques interrogations, le président argentin n’étant guère connu pour son intérêt pour la protection de l’environnement. Durant sa campagne présidentielle, il n’avait pas caché ses opinions climatosceptiques, estimant que le réchauffement climatique était la manifestation d’un cycle naturel qui n’avait rien à voir avec les activités humaines, qualifiant même le problème de « mensonge des socialistes ». Avec cette visite officielle en Antarctique, Milei est-il en train d’essayer d’arrondir les angles en soutenant un projet environnemental qui a trait à une autre grande problématique environnementale pour les régions polaires, soit la pollution microplastique ? Ce qui est certain est que l’Antarctique est important pour l’Argentine et que le maintien des intérêts argentins sur le continent blanc devra passer par la coopération scientifique.
Lien vers le projet NUTEC Plastics de l’AIEA : https://www.iaea.org/fr/services/nutec-plastics
Mirjana Binggeli, PolarJournal
En savoir plus sur le sujet