Les villes isolées et le manque de thérapeutes parlant groenlandais font partie des problèmes de santé mentale du pays. Une nouvelle plateforme en ligne évolutive en langue groenlandaise vise à aider ceux qui luttent pour leur santé mentale.
Au Groenland, le thème de la santé mentale occupe une place de plus en plus importante dans les débats publics. Notamment parce que le pays a été placé sous les feux de la rampe pour une bien triste raison : le taux de suicide le plus élevé au monde.
De nombreuses raisons ont été avancées pour expliquer cette statistique déprimante : les séquelles du colonialisme, l’insomnie due à l’éternel soleil d’été et, surtout, les expériences « défavorables » vécues pendant l’enfance.
De nombreuses mesures ont également été prises pour la prévenir.
En voici quelques exemples : En 2020, Niviaq Korneliussen, l’un des plus grands auteurs du pays, a écrit un roman sur le sujet. En 2023, le court métrage Ivalu, qui traite du suicide, a été nommé aux Oscars. Plus récemment encore, un projet de recherche national visant à former des mentors en matière de prévention du suicide sur l’ensemble de la côte a été mis en œuvre.
Toutes les mesures de prévention ont pour point commun de mettre l’accent sur la santé mentale. Mais l’un des problèmes récurrents est d’apporter une aide opportune aux communautés isolées du pays et de fournir cette aide en groenlandais.
C’est à ces deux problèmes qu’une nouvelle plateforme en ligne appelée mindhelper.glentend apporter une solution.
Une tape dans le dos
Mindhelper.gl est un nouveau site web lancé par Aqqut, une organisation qui fournit des conseils sociaux et psychologiques aux étudiants du Groenland. Lorsque vous accédez au site, une série d’articles et de cours vidéo vous attendent, écrits et parlés en groenlandais.
Pour l’instant, le site web a pour objectif principal d’aider les Groenlandais à lutter contre l’anxiété. Les cours utilisent la méthode ACT, qui met l’accent sur l’acceptation et l’engagement. La première vidéo commence ainsi :
« Commencez par vous féliciter. C’est une bonne chose que vous soyez là. C’est le signe que vous avez de l’espoir. L’espoir qu’il sera plus facile de gérer l’anxiété. Et c’est précisément cet espoir qu’il est très important de conserver », explique Dina, l’animatrice du cours vidéo. Elle s’exprime dans un groenlandais prudent et apaisant, en regardant la caméra en face.
Le cours vidéo se compose de sept modules différents, chacun pouvant contenir jusqu’à neuf vidéos différentes. Au total, 28 vidéos sont disponibles sur le site web, avec des titres allant de « Ce que l’oncle Minik peut vous apprendre sur la façon d’inviter l’anxiété à l’intérieur » à « Ce que vous aimeriez que votre meilleur ami vous dise le jour de votre 80e anniversaire ».
Le cours propose également une série d’exercices de pleine conscience et de respiration, une offre rare en langue groenlandaise, et le site web comprend des guides écrits supplémentaires sur la manière d’aborder les questions difficiles avec les parents et de faire face à l’insomnie.
Aide en ligne recommandée par le rapport
La nouvelle plateforme n’est qu’une partie de l’effort massif entrepris au Groenland ces dernières années pour lutter contre les maladies et les souffrances mentales. Elle ne résoudra pas tous les problèmes. Mais le fait qu’elle soit en ligne et accessible à tous dans tout le pays est important.
En fait, l’une des principales recommandations d’un rapport publié en 2021 par VIVE, le centre danois de recherche en sciences sociales, sur l’accès des enfants et des jeunes du Groenland aux ressources en matière de santé mentale, était de fournir davantage de ressources en ligne en langue groenlandaise.
Les ressources en ligne en matière de santé mentale sont particulièrement importantes si « le personnel qualifié est dispersé géographiquement », selon le rapport.
La plateforme Mindhelper est arrivée au Groenland avec une bonne réputation. Au Danemark, où un site similaire a déjà été testé, près de 60 000 personnes ont suivi des cours sur le site web. Quatre-vingt-quatorze pour cent d’entre elles ont trouvé les cours « bénéfiques ».
L’entreprise à l’origine de Mindhelper fait la promotion de son site web à l’aide de quatre mots-clés : Accessibilité, flexibilité, anonymat et évolutivité. Autant d’éléments qui pourraient s’avérer importants dans un pays qui peine à fournir une aide opportune à tous ses citoyens.
Ole Ellekrog, Polar Journal
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