Nous fournissons quotidiennement des informations sur l’Arctique et l’Antarctique, qui sont souvent directement ou indirectement liées entre elles. Il peut arriver que l’on perde un peu la vue d’ensemble en raison de la quantité d’informations. C’est pourquoi nous vous proposons chaque lundi matin une « rétrospective polaire » qui résume les événements survenus dans les régions polaires la semaine précédente et met l’accent sur un ou plusieurs aspects particuliers.
La semaine dernière, l’Arctique a une fois de plus été au centre de l’attention des médias. A l’échelle mondiale, c’est surtout l’adhésion de la Suède, nation arctique, à l’OTAN qui a fait les gros titres. Un nouveau membre du Conseil de l’Arctique a officiellement rejoint l’Alliance de défense de l’Atlantique Nord, portant à sept le nombre de membres arctiques de l’OTAN. La Russie, qui se sent menacée par l’OTAN selon la présentation officielle du Kremlin, ne devrait pas apprécier cette adhésion. En effet, sept membres de l’OTAN siègent désormais face à la Russie au Conseil de l’Arctique, l’organe le plus important pour les questions arctiques. Officiellement, les deux organisations ne sont pas liées, mais d’un point de vue politique, l’ensemble est tout de même explosif.
Presque en même temps que la Suède, membre du Conseil de l’Arctique, rejoignait l’OTAN, le Conseil de l’Arctique a déclaré qu’un accord avait été trouvé pour reprendre les réunions virtuelles au sein des groupes de travail du Conseil. Cela devrait permettre de facto de rétablir un meilleur fonctionnement du Conseil et de ses projets. Mais en même temps, le Conseil n’a pas vraiment la capacité de prendre des décisions, car il y a toujours une période glaciaire au plus haut niveau politique, qui ne devrait pas connaître de dégel avec l’adhésion de la Suède à l’OTAN.
A cela s’ajoute le fait que depuis jeudi dernier, dans le nord de la Norvège, donc directement à la porte de la Russie, l’OTAN répète le cas d’urgence d’une attaque combinée contre un partenaire de l’OTAN dans des conditions arctiques avec son grand exercice « Nordic Response 2024 ». Cet exercice n’est qu’un des nombreux exercices menés par l’OTAN dans certaines parties de l’Europe dans le cadre de la série « Steadfast Defender ». Les experts y voient un message clair à l’attention de la Russie, qui a elle-même mené plusieurs manœuvres sur son territoire arctique au cours des dernières semaines et des derniers mois. Comme nous l’avons mentionné, tout cela ne devrait pas favoriser le travail du Conseil de l’Arctique aux niveaux supérieurs.
Mais c’est justement pour la population des régions arctiques, qui compte tout de même près de quatre millions de personnes, qu’un conseil fonctionnel serait important. En effet, des mesures coordonnées pourraient y être décidées afin d’atténuer les effets du changement climatique dans ces régions. Les événements climatiques extrêmes, tels que les grandes variations de température actuellement mesurées autour de l’Arctique ou les quantités massives de neige qui endommagent les infrastructures dans certaines parties de l’Arctique, en font également partie.
Une meilleure coordination des recherches et de leurs résultats, qui sera assurée par les groupes de travail du Conseil, nous sera également bénéfique, à nous qui vivons plus au sud. En effet, les phénomènes météorologiques extrêmes que nous connaissons ici aussi trouvent en partie leur origine dans les régions arctiques et dans la fonte de la glace de mer. Si l’on comprend les processus qui s’y déroulent, il est possible d’améliorer les modèles de prévision des événements extrêmes et de prendre ainsi des mesures de protection qui pourraient avoir pour conséquence une réduction des dommages et du nombre de victimes.
Cela a également un impact positif sur l’économie, tant chez nous que dans l’Arctique. Une étude a récemment montré l’importance des avantages économiques de l’Antarctique. Il est donc évident que l’Arctique présente également une grande valeur économique. Les investissements n’apportent pas seulement une plus-value économique aux entreprises et aux investisseurs, ils améliorent également les conditions de vie grâce à des infrastructures modernes et offrent de nouvelles perspectives, en particulier aux Autochtones, en leur permettant de combiner leurs modes de vie traditionnels avec la modernité, tout en apportant leurs connaissances et leur culture millénaires pour faire face aux changements.
La semaine dernière montre donc très bien que les nombreuses informations et articles parus chez nous et sur toutes les autres plateformes ne représentent pas seulement des événements isolés, mais sont tout à fait liés entre eux et racontent toute une histoire.
Dr. Michael Wenger, PolarJournal