Des épidémies de tuberculose touchent actuellement le Nunavut. Entre visite officielle et questions budgétaires, la lutte contre cette maladie se poursuit dans une région qui présente toujours des taux extrêmement élevés.
C’est en particulier la communauté de Naujaat, dans le nord-est canadien, qui est touchée. Une épidémie de tuberculose s’est déclarée en mai de l’année dernière. Six cas actifs (qui présentent des symptômes) et 10 cas de tuberculose latente (sans symptômes) avaient été diagnostiqués au sein d’une population qui s’élève à 1 300 habitants. Le département de santé publique avait réagi en encourageant la population à se faire tester en cas de symptômes ou de contact avec une personne malade, et à se faire traiter en cas d’infection au bacille de Koch.
Depuis, la situation ne s’est guère améliorée. La tuberculose continue de frapper Naujaat et les cas augmentent. Une clinique de prévention et de dépistage a donc été mise en place depuis hier. Jusqu’à la fin du mois de mai, sa mission consistera à tester les habitants de Naujaat. La clinique sera opérée par le département de la santé en partenariat avec le Nunavut Tunngavik Inc. (NTI), organisation de représentation légale des Inuit.
Cette dernière accueillera cette semaine Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada dont la visite officielle à Naujaat et Mittimatalik (Pond Inlet), également très touchée par une épidémie de tuberculose, coïncide avec l’ouverture de la clinique de prévention et de dépistage. Le Dr. Tam sera accompagnée par plusieurs représentants du NTI, dont le vice-président Paul Irngaut, et du gouvernement dont John Main, ministre du Nunavut en charge de la santé. L’occasion de montrer les difficultés rencontrées par les habitants du territoire. « Les Inuits du Nunavut font face à des défis qui n’affectent pas la plupart des Canadiens lorsqu’ils ont accès aux soins de santé », a déclaré Paul Irngaut dans un communiqué de presse publié hier par le NTI. « Avoir le Dr. Tam sur le terrain en visitant les communautés du Nunavut lui donnera l’occasion de voir de première main certains des obstacles auxquels les Inuits sont confrontés lorsqu’ils tentent de naviguer dans le système de santé au Nunavut. »
Parmi ces obstacles, la pénurie récurrente de personnel médical et les difficultés d’accès aux soins figurent en bonne place aux côtés des problèmes sociaux qu’affrontent le Nunavut, dont l’insécurité alimentaire, la pauvreté et le manque de logements. Ces différents facteurs conjugués créent un terrain favorable à la tuberculose qui demeure, encore aujourd’hui, un problème de santé majeur au Nunavut.
En 2018, le gouvernement canadien et l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), organisation qui représente les Inuit du Canada, s’étaient engagés à éradiquer la tuberculose d’ici à 2030. L’année dernière, le gouvernement avait consacré $C 16 millions (plus de 10 millions d’euros) pour traiter le problème. Pour Nathan Obed, président de l’ITK, c’est à peine 12% de l’investissement nécessaire pour venir à bout de cette maladie. Une situation dénoncée par des organisations inuit qui pressent le gouvernement à consacrer davantage de budget fédéral au problème, un budget qui sera présenté aujourd’hui.
La tuberculose est une maladie qui a pratiquement été éradiquée des pays occidentaux. Toutefois, elle continue de représenter un véritable problème de santé au sein des communautés autochtones arctiques du Canada. Au Nunavut, les taux de tuberculose sont 400 fois supérieurs à la moyenne nationale.
Mirjana Binggeli, Polar Journal AG
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