Les renards polaires chassent les lemmings dans la poudreuse sans se faire mal au nez.
Les plongeons tête la première dans la neige sont déconseillés. Même si la poudreuse a des propriétés physiques s’apparentant à celles des liquides, une fois tassée, ces propriétés sont celles d’un solide. Le 29 avril dernier dans Proceedings of the National Academy of Sciences, une étude décrit l’avantage des renards polaires sur les félins pour attraper des petits mammifères sous la neige : un museau long et fin. « Le museau acéré du renard ne comprime pas la neige de manière significative, il la pénètre sans grande résistance », explique dans un communiqué Sunghwan Jung, chercheur à l’Université de Cornell, en charge du projet de recherche.
Pour en arriver à ces conclusions, Jisoo Yuk, étudiante en doctorat, a radiographié non seulement des crânes de renards roux et de renards arctiques, mais également ceux de pumas et de lynx de l’American Museum of Natural History à Manhattan. La chercheuse en début de carrière les a ensuite imprimés en 3D, avant de les lancer dans différentes matières, comme la neige et l’eau. Ses conclusions prouvent que les museaux fins minimisent les dommages sur les tissus quand les renards plongent la tête la première, contrairement aux félins dont les museaux sont plus courts. Les canidés ont évolué en meute, blessant leurs proies à multiples reprises avec leurs mâchoires longues et fines. Quant aux félins, plus solitaires, ils tuent une proie d’un coup avec une mâchoire plus large et puissante.
« Les renards polaires se nourrissent de lemmings qui creusent des galeries sous la neige », explique Aude Lalis, maître de conférences en génétique et génomique évolutive au Muséum national d’histoire naturelle de Paris. « Ils les entendent ou ils les sentent. Certaines populations de renards dépendent des lemmings même en hiver, car ce petit mammifère n’hiverne pas, il reste au chaud, sous la neige. »
Les manœuvres de saut présentent des risques, car ils atteignent des vitesses allant jusqu’à 14 km/h lorsqu’ils s’enfoncent dans la neige. Cependant, l’équipe de recherche explique qu’ils n’ont pas reçu de rapports concernant des blessures au crâne chez les animaux suite à de tels sauts.
Camille Lin, Polar Journal AG
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