Un phénomène météorologique assez courant en Antarctique a coûté la vie à un membre de la station côtière scientifique russe de la Terre de la Reine-Maud.
La semaine dernière à Kochi en Inde, lors des Réunions Consultatives du Traité sur l’Antarctique (RCTA), les États ont approuvé l’inscription sur la liste des monuments historiques de la plaque commémorative de la première mission de reconnaissance du lac Untersee, en 1969, menée par la 14e expédition antarctique soviétique. Long de plus de six kilomètres sur deux et profond de 169 mètres, ce lac est l’un des plus grands de l’Antarctique occidental. Un résultat satisfaisant pour la Fédération de Russie, qui a cependant présenté un document plus sombre lors des réunions.
En mars dernier, le chef mécanicien de la station de Mirny – positionnée sur la côte de la Terre de la Reine-Maud – a disparu lors d’un épisode de mauvais temps. Le 25, un avis de tempête pesait alors sur la station. Vers 18 heures, le vent était fort et la visibilité faible. Le chef de base avait pris des mesures restrictives de circulation. À 18 h 45, le vent soufflait à 90 km/h, et la visibilité était inférieure à 500 mètres, selon le document.
« Ce n’est pas étonnant, sur la côte, le temps peut se dégrader très vite », nous explique Hervé Fauvre, météorologue à Météo France, récemment missionné à Dumont-d’Urville. « Il peut y avoir des vents catabatiques : il fait soleil puis rapidement un front d’air soulève la neige qui monte à 200 mètres de haut, et parfois la visi peut tomber à cinq mètres. » Avec une visibilité réduite, une erreur de direction peut facilement être commise. « Le chef de district de Dumont-d’Urville limitait les mouvements sur la station, sauf pour aller manger ou travailler », nous explique-t-il.
À Mirny, le chef mécanicien serait alors parti seul du vestiaire au bâtiment de service et d’habitation « malgré les exigences de sécurité », précise le document. Puis « son arrivée n’a pas été enregistrée ». Sept cents mètres séparent les deux édifices. Une fois l’alerte donnée, les conditions météorologiques se sont encore détériorées avec des rafales à 120 km/h et une visibilité inférieure à 200 mètres. La station a alors organisé des recherches, deux groupes de trois personnes ont inspecté les parages, sans succès. Les trois jours qui ont suivi ont donné le même résultat.
Le 19 avril, au passage de l’Akademik Tryoshnikov, une patrouille en hélicoptère Ka-32 n’a pas révélé de trace du chef mécanicien. Le dernier accident mortel rapporté au RCTA date de 2018. En mars également, un étudiant indien a perdu la vie, pris sous un véhicule lors du ravitaillement de la station New Indian Barrier. À l’heure actuelle, une enquête est en cours pour tirer les leçons de l’accident de Mirny.
Camille Lin, PolarJournal AG
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