Comment une course cycliste professionnelle met en valeur les paysages arctiques de la Norvège | Polarjournal
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Cette année, l’Arctic Tour of Norway était centré sur Bodø, la capitale européenne de la culture, mais au cours de ses 11 années d’existence, il a traversé toutes les municipalités du nord de la Norvège. Photo : Aurélien Vialatte, Arctic Race of Norway

La course arctique de Norvège, longue de quatre étapes, s’est achevée hier par un sprint en montée à Bodø. Cette course, qui passe par des fjords, des montagnes et même des glaciers, est soutenue par le gouvernement norvégien, qui souhaite que les touristes remarquent la beauté de l’environnement arctique.

Deux cyclistes s’acharnent sur les pédales. Ils montent une route escarpée et sinueuse. Autour d’eux, des bouleaux, des spectateurs éparpillés sur le bord de la route et le bourdonnement d’un hélicoptère. Derrière eux, à une centaine de mètres, un peloton menaçant d’une cinquantaine de coureurs les poursuit.

L’un des deux, le Belge Kamiel Bonneu, s’éloigne de l’autre. Seul, il atteint le sommet de la colline et, soudain, une montagne arctique chauve se dessine derrière lui. Il jette un coup d’œil en arrière, probablement vers le peloton, puis s’élance vers la victoire. Il reste moins d’un kilomètre à parcourir.

En un clin d’œil, il atteint la ligne d’arrivée et pointe un seul doigt vers le ciel, dédiant sa victoire à son grand-père décédé la veille. Il est couronné vainqueur de la troisième étape du Tour Arctique de Norvège.

Regardez le dernier kilomètre de l’étape 3 ici.

Le Belge Kamiel Bonneu franchit la ligne d’arrivée en dédiant sa victoire à son grand-père décédé, comme il l’a expliqué après l’étape. Photo : Aurélien Vialatte, Arctic Race of Norway

Des heures de paysages

Une course cycliste dure des heures et des heures, et toutes ne sont pas aussi spectaculaires (comme le sait quiconque a déjà regardé une étape du sprint du Tour de France). Mais lorsque le rythme est plus lent, cela permet aux téléspectateurs de profiter du paysage, des villages pittoresques et de la tapisserie culturelle qui se déploie autour de la course.

Ou comme l’a écrit un jour Ernest Hemingway : « C’est en faisant du vélo que l’on apprend le mieux les contours d’un pays, puisqu’il faut transpirer pour monter les collines et les descendre en roue libre ». Un sentiment qui pourrait s’étendre à l’acte (certes moins épuisant physiquement) de regarder la course à la télévision.

C’est précisément pour cette raison qu’une course cycliste professionnelle, du moins en théorie, est un moyen idéal de promouvoir une région, et que le gouvernement norvégien a investi depuis 2014 des millions d’euros dans l’Arctic Race of Norway.

Hier, la 11e édition de la course s’est achevée sur une victoire du Danois Magnus Cort Nielsen. La course est devenue une sorte d’institution dans la région arctique, mais elle n’a pas échappé aux critiques au fil des ans.

Éloge des aides

Ces dernières années, on s’est demandé si c’était vraiment un bon investissement pour les pays d’investir dans des événements sportifs. Plus récemment, la question a été posée pour les Jeux olympiques qui se déroulent actuellement à Paris.

Par le passé, de tels doutes ont également été émis à l’encontre de l’Arctic Race of Norway. En 2019, par exemple, il est apparu qu’une municipalité locale avait quitté la course avec un déficit beaucoup plus important que prévu.

Il semblerait que cette année, les organisateurs aient voulu devancer ces critiques.

En effet, lors de l’édition de cette année, la ministre norvégienne du commerce et de l’industrie, Cecilie Myrseth, a publié une tribune dans un journal local de Bodø. Elle y fait l’éloge des « helping riders », connus en anglais sous le nom de « domestiques », soulignant l’importance des nombreux bénévoles impliqués dans la course.

En outre, elle a souligné l’importance de la course pour le tourisme, cinquième secteur d’activité en Norvège, et a fait valoir que l’aide gouvernementale annuelle de 15 millions de couronnes norvégiennes (environ 1,3 million d’euros) était un investissement plutôt qu’une dépense.

Le directeur général de l’Arctic Race of Norway, Knut-Eirik Dybdal, a également fait part de son opinion dans une tribune publiée dans un journal local. Il a lui aussi souligné que l’événement apportait bien plus qu’une simple excitation sportive.

« Lorsque l’idée d’une course cycliste professionnelle à travers le nord de la Norvège est née, une chose en particulier était importante : ce devait être plus qu’une simple course cycliste. Les municipalités, les entreprises et les habitants de la Norvège du Nord devaient pouvoir s’en servir pour atteindre leurs objectifs. Elle devrait contribuer à dynamiser l’ensemble de la région de la Norvège du Nord », a-t-il écrit.

Un festival pour les citoyens

Et il semblerait que les opinions de Cecilie Myrseth et de Knut-Eirik Dybdal soient confirmées par des chiffres concrets. Au moins un rapport de 2019 estime que la valeur de la seule diffusion télévisée était d’environ 270 NOK (environ 22,9 millions d’euros), et que 40 millions de NOK (3,4 millions d’euros) supplémentaires provenaient de l’augmentation du chiffre d’affaires des entreprises dans la région.

Selon le même rapport, la course a été diffusée dans un nombre stupéfiant de 190 pays à travers le monde (il y a 193 membres de l’ONU), un fait qui a été répété à la fois par Myrseth et Dybdal dans leurs articles d’opinion. Répartis dans ces pays, 9,6 millions de téléspectateurs ont suivi la course en 2019.

On ne sait pas encore combien de téléspectateurs ont suivi la version 2024. Ceux qui l’ont fait ont pu voir le Danois Magnus Cort Nielsen remporter le maillot jaune « Midnight Sun » devant le Français Clément Champoussin et l’Américain Kevin Vermaercke.

Mais surtout, du moins selon les organisateurs, ils auront vu des heures et des heures de cyclistes serpenter à travers les contours de magnifiques paysages arctiques. Peut-être même que certains d’entre eux auraient eu envie de visiter le Grand Nord norvégien. Ou, comme le dit Knut-Eirik Dybdal dans son article d’opinion :

« Nous espérons et croyons que l’événement de cette année deviendra un festival pour les gens qui peut générer des revenus localement et régionalement, et présenter notre belle région au reste du monde ».

Ole Ellekrog, Polar Journal AG

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