Un accord financier historique a été signé la semaine dernière afin de permettre aux Inuvialuit de développer leur services de soutien à l’enfance et à la famille. Cet accord pourrait ouvrir la voie à d’autres communautés inuit sur cette question délicate.
Plus de 500 millions de dollars canadiens (plus de 350 millions d’euros) seront octroyés par le gouvernement canadien pour la mise en œuvre de la loi sur les services à l’enfance et à la famille des Territoires du Nord-Ouest (TNO).
Ce financement fédéral échelonné sur les dix prochaines années, et complété par une contribution de plus de $C 200 000 (plus de 130 000 euros) par an versé par le territoire, fait des Inuvialuit les premiers Inuit à pouvoir développer leur propre service de soutien à la famille et à l’enfance.
« Cet accord historique établit une voie à suivre pour que les Inuvialuit déterminent à juste titre la meilleure façon de soutenir le bien-être de leurs familles, de renforcer leur mode de vie et de renforcer les liens au sein de leurs communautés, notamment en préservant les liens des enfants avec leur culture. », mentionne le communiqué de presse publié le 30 septembre dernier par l’Inuvialuit Regional Corporation (IRC). Cette dernière est l’organe de représentation des Inuvialuit, les Inuit de l’Arctique de l’Ouest.
Grâce à cet accord et aux fonds octroyés, les Inuvialuit pourront développer et gérer leur service de soutien à la famille et à l’enfance comme le prévoit la loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Également connue sous le nom de loi C-92, cette loi est entrée en vigueur le 1er janvier 2020 et entérine les droits et la compétence des peuples autochtones du Canada en matière de services à l’enfance et à la famille.
La protection de l’enfance constitue, à bien des égards, un véritable problème pour les communautés du Nord. Faute de structures d’accueil et de personnel sur place, les jeunes sont souvent envoyés dans des institutions ou des familles au sud du pays. Séparés de leur communauté par des milliers de kilomètres, les jeunes sont dans l’impossibilité de conserver un lien avec leur famille, leurs proches, leur culture et même leur langue maternelle.
Si la problématique se retrouve partout dans les territoires septentrionaux du Canada, les Inuvialuit, de par la signature de cet accord financier, crée un précédent pour d’autres groupes inuit qui pourraient exercer eux aussi leur compétence sur les services à l’enfance et à la famille.
L’accord a été signé le 30 septembre, une date on ne peut plus symbolique. Elle correspond en effet à la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Célébrée chaque année au Canada, elle vise à promouvoir les efforts de réconciliation avec les peuples autochtones du Canada tout en commémorant l’histoire des pensionnats. Ces derniers ont laissé d’importantes séquelles au sein des communautés autochtones et les placements d’enfants, loin de leurs familles, n’ont fait que raviver des blessures toujours très vives.
D’où la nécessité pour ces communautés de pouvoir reprendre la main sur leur service à l’enfance et à la famille, tout en assurant aux enfants et aux jeunes de pouvoir rester au sein de leur communauté d’origine.
Mirjana Binggeli, Polar Journal AG
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