Les pôles communiquent avec les profondeurs de l’espace | Polarjournal
Le réseau d’antennes géré par KSAT est réparti sur 25 sites au total. Les signaux provenant de l’espace peuvent ainsi être captés n’importe où et transmis aux cibles correspondantes sur Terre, par exemple au centre de mission SWFO de la NOAA. Image : KSAT

Pour de nombreuses personnes, les aurores sont des phénomènes célestes magiques qui font rêver. Mais pour les ingénieurs et les spécialistes de la communication, elles sont plutôt l’expression d’un cauchemar, car les sources de ces lumières, dansantes dans le ciel, sont de violentes éruptions à la surface du soleil, appelées tempêtes solaires. Elles provoquent des perturbations techniques sur les satellites et les lignes de communication, pouvant aller jusqu’à la panne complète. Afin de mettre en place un système d’observation et d’alerte préventive, l’Agence américaine de l’étude de l’océan et de l’atmosphère (NOAA) a développé un programme spatial qui, à terme, devrait lancer une plateforme d’observation dans les profondeurs de l’espace. La société norvégienne de communication par satellite KSAT fait désormais partie des partenaires de la mission.

Le programme de lancement d’un satellite de météo spatiale SWFO, de l’Agence américaine de l’étude de l’océan et de l’atmosphère (NOAA), repose sur un réseau d’antennes terrestres dirigées vers l’espace. En dehors du territoire des États-Unis, ce réseau sera exploité par l’entreprise norvégienne KSAT (Kongsberg Satellite Service) basée à Tromsø, d’après son dernier communiqué de presse. Elle doit maintenant collaborer avec la société américaine KBR, qui gère l’aspect technique de SWFO pour le compte de la NOAA. Un réseau de 260 antennes de KSAT, réparti sur 25 sites à travers le monde, doit assurer la transmission des données entre la Terre et le futur satellite SWFO-L1. Il sera positionné en orbite proche du Soleil en 2025 et assurera le lien entre les groupes de recherche de la NOAA et les éruptions solaires. Cela signifie que le réseau de KSAT doit être capable de maintenir un lien avec le satellite lorsqu’il sera hors de portée des antennes positionnées aux États-Unis.

C’est ainsi que l’on se représente la mission SWFO prévue : une plateforme d’observation et de mesure, placée en orbite autour du soleil, d’où elle doit collecter des données cruciales pour établir des prévisions de tempêtes solaires. Image : Ball / NASA SOHO

La mission SWFO, qui doit être lancée dans les prochaines années, a pour objectif de placer une plate-forme d’observation et de mesure à un point très précis en orbite autour des soleils. Ce point, connu sous le nom de Lagrange Point L1, est déjà utilisé par la NASA depuis 1995 pour observer les soleils. Il s’agit d’une zone globalement neutre du point de vue de la gravité, là où les forces d’attraction conjointes du Soleil et de la Terre sont égales à la force centrifuge du satellite. Ainsi, les satellites qui tournent autour du soleil en ce point consomment beaucoup moins de carburant pour les corrections de trajectoire et restent également stables plus longtemps à cet endroit. La plate-forme prévue par la NOAA doit étudier ce que l’on appelle la météo spatiale et fournir des données aux chercheurs sur Terre. Pour les recevoir et garder le contrôle de SWFO-L1 la NOAA a besoin d’un réseau mondial d’antennes.

Sur un total de 260 antennes KSAT dans le monde, 100 sont situées au-dessus de Longyearbyen. C’est de là que de nombreuses entreprises exploitent leurs satellites et que KSAT fournit l’infrastructure nécessaire à cet effet. L’entreprise exploite également de telles antennes en Antarctique. Image : KSAT

Et c’est là que KSAT et ses services entrent en jeu. En effet, l’entreprise exploite depuis des années un vaste réseau d’antennes, dont la plus grande partie des infrastructures se trouve au-dessus de Longyearbyen. L’entreprise utilise une centaine d’antennes pour le compte de compagnies dont leurs satellites parcourent l’espace. KSAT détient un système d’antennes près de la station norvégienne de Troll dans l’est de l’Antarctique, et 23 autres dispersées sur le globe. « KSAT a une longue histoire d’excellence pour les programmes spatiaux de haute qualité, explique Amund Nylund, le directeur d’exploitation de KSAT. SWFO nécessite une architecture au sol dernier cri, car le délai de communication doit être court et le contact maintenu en permanence sur orbite L1. C’est une opportunité passionnante pour nous de mettre en œuvre des capacités au-delà de l’orbite géostationnaire grâce à un réseau conçu spécialement pour la mission ». SWFO est une nouvelle étape pour l’entreprise norvégienne, qui est déjà en train de planifier un réseau terrestre pour la communication avec les futures bases lunaires.

Ces dernières semaines, des aurores australes ont pu être observées dans les endroits les plus insolites. Par exemple, les clients d’une croisière d’expédition de Heritage Expeditions à Macquarie ont pu profiter du spectacle. La cause en était de violentes tempêtes solaires que la NOAA souhaite prévoir à l’avenir. Image : S. Bradley via Heritage Expeditions

Les tempêtes solaires fabriquent des particules et de l’énergie qui touchent des molécules de gaz dans la région de l’ionosphère. Cette rencontre libère de l’énergie sous forme de lumière. Elle émet dans différentes longueurs d’onde, selon le type de particules de gaz rencontrées. Les molécules d’azote émettent de la lumière verte, tandis que l’oxygène émet de la lumière rouge, visible depuis le sol. En fonction de la force des tempêtes, de telles aurores sont également visibles en dehors des régions polaires. Ces dernières semaines, des tempêtes solaires particulièrement fortes ont été enregistrées, ce qui a conduit à des observations d’aurores australes, par exemple au-dessus de l’île australienne de Macquarie, comme l’ont montré des images diffusées sur les médias sociaux. Mais c’est surtout dans l’hémisphère nord que des aurores boréales très puissantes sont visibles dans un ciel alors qu’il s’assombrit très tôt. La violence des tempêtes a provoqué d’importantes perturbations des lignes de communication par satellite. Si la mission de la NOAA est un succès, les antennes polaires de KSAT contribueront à réduire les problèmes de communication sur la Terre.

Dr. Michael Wenger, PolarJournal

Image de contribution : (C) Ruben Wu via KSAT

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