Les Inuit auront leur mot à dire sur le transport maritime en Arctique | Polarjournal
Avec la fonte des glaces, le trafic maritime connaît une progression importante en Arctique, ce qui n’est pas sans conséquences sur les régions et leurs habitants. Image : Sovcomflot.

Les Inuit joueront un rôle clé dans une initiative fédérale qui vient d’obtenir un financement de C$ 91,6 millions et qui vise à réduire l’impact du transport maritime dans l’Arctique canadien.

Ce n’est un secret pour personne, la glace de mer en Arctique est en train de fondre libérant plus de surfaces navigables. Depuis trente ans, on assiste ainsi à une augmentation significative du transport maritime dans les régions polaires du Nord. Rien qu’au Canada, le trafic maritime a triplé dans ce même laps de temps. L’une des principales raisons : les routes maritimes de l’Arctique et le passage du Nord-Ouest en particulier sont plus courtes que celles passant, par exemple, par les canaux de Panama et de Suez.

Mais cela n’est pas sans conséquences à la fois sur l’environnement et sur les personnes qui vivent en Arctique et qui verront passer de plus en plus de navires. C’est le cas pour les populations inuites du Canada qui subissent de plein fouet l’augmentation du trafic maritime et ses nuisances, de la pollution aux perturbations sur la faune, notamment pour les mammifères marins, dont les Inuit dépendent encore largement pour leur subsistance.

Pour faire face à cette problématique, le gouvernement fédéral vient d’accorder un fonds de C$ 91 millions (environ 61 millions d’euros) à la Qanittaq Clean Arctic Shipping. Selon l’Inuit Circumpolar Council (ICC) du Canada, organisation chargée de représenter les Inuit, ce financement est le plus important qu’elle ait reçu depuis sa création en 1980. Décrivant cette mesure comme «historique», l’ICC Canada a déclaré dans un communiqué de presse publié le mois dernier qu’il espérait que ce projet permettrait de faire des Inuit des leaders dans le transport maritime durable.

La présidente de l’Inuit Circumpolar Council Canada, Lisa Koperqualuk, serrant la main du ministre de l’innovation, de la science et de l’industrie, François-Philippe Champagne, lors de l’annonce d’octroi du fonds en faveur de Qanittaq Clean Arctic Shipping, le 28 avril dernier. Image : Inuit Circumpolar Council Canada Facebook.

Co-dirigée et co-développée par la Memorial University et l’ICC Canada, l’initiative Qanittaq Clean Arctic Shipping vise à créer un projet de recherche qui met en avant le Qaujimaniq, le savoir inuit, tout en collaborant avec des organisations autochtones du Nord. Elle devrait également associer des dirigeants et des communautés inuites avec des institutions universitaires nationales et étrangères, des services fédéraux et le secteur privé afin de développer des technologies et, grâce au savoir des communautés, d’aider à élaborer les politiques qui lui permettront de guider la croissance du transport maritime dans l’Arctique canadien.

 « Cela survient à un moment où la navigation dans l’Arctique fait l’objet d’une attention internationale considérable, compte tenu des effets du changement climatique sur l’augmentation du trafic maritime et des conséquences sur l’environnement de l’Arctique. Pour les Inuit, cela changera la donne et nous aidera à nous positionner pour être des leaders dans ce domaine. », déclare Lisa Koperqualuk, présidente d’ICC Canada. L’initiative ambitionne également d’améliorer la qualité de vie des communautés inuites et de réduire l’insécurité alimentaire qui affecte la région. En effet, une partie des produits de consommation (dont les denrées de base) sont souvent importés par voie maritime ou aérienne, générant des coûts conséquents sur les prix de vente. Avec cette initiative, les Inuit auront leur mot à dire sur le transport maritime dont ils pourront également bénéficier. 

Mirjana Binggeli, PolarJournal

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