Des aérosols de sel marin réchauffent l’Arctique | Polarjournal
La poudrerie est ce phénomène où la neige au sol est soulevée et poussée sous l’effet du vent. Un phénomène courant et naturel en Arctique, que ce soit sur la banquise ou, comme ici, sur les calottes glaciaires, où le vent soulève la neige sur les vastes étendues de banquise. Image : Wikicommons

L’Arctique se réchauffe et les fines particules d’aérosols de sel marin produites dans les conditions de blizzard ou de poudrerie y contribuent, selon une étude récemment publiée.

La neige présente sur la banquise contient de fines particules de sel marin qui se retrouvent dans l’atmosphère lorsque soufflent vents et blizzards. Un phénomène tout à fait naturel et normal dans les régions polaires. Pendant longtemps, toutefois, on a ignoré le rôle de ces particules dans les modèles climatiques. Une étude publiée au début de ce mois dans Nature Geoscience, vient de démontrer que durant les épisodes de poudrerie, de grandes quantités de particules de sel marin affectent les propriétés des nuages et réchauffent la surface. 

Les conclusions des chercheurs devraient donc permettre de remettre à jour les modèles climatiques en incluant les effets de ces particules sur l’atmosphère et son réchauffement. « Les simulations de modèles qui n’incluent pas les aérosols de sel marin fin provenant de la poudrerie sous-estiment la population d’aérosols dans l’Arctique », mentionne Jian Wang, l’un des auteurs de la recherche et professeur à l’Université Washington de St. Louis, dans un communiqué publié par l’université. « La poudrerie se produit indépendamment du réchauffement humain, mais nous devons l’inclure dans nos modèles pour mieux reproduire les populations d’aérosols actuelles dans l’Arctique et pour projeter les futures conditions climatiques et d’aérosols dans l’Arctique. »

Les données ont été collectées entre septembre 2019 et octobre 2020 lors de l’expédition MOSAiC où le Polarstern, capturé par la banquise, avait dérivé durant une année dans l’Arctique central, collectant nombre de données scientifiques sur l’atmosphère, la glace et l’océan. Image : Matthias Jaggi

Depuis longtemps, on sait que les nuages se forment autour des particules d’aérosols, comme la poussière ou la suie. Par contre, on pensait jusqu’ici que le rôle des particules de sel marin, qui représentent la masse la plus importante d’aérosols, n’avait pas particulièrement d’impact sur la formation des nuages, ainsi que sur le climat arctique et son réchauffement.

Or, les conclusions des auteurs démontrent le contraire. Les scientifiques ont en effet estimé que les aérosols de sel marin produits par la poudrerie représentent plus de 27,6% du nombre total de particules. Ces aérosols augmentent la production de nuages ce qui conduit à un réchauffement de surface. De plus, en inhibant la formation de pluie et de glace, ces aérosols conduisent à une plus grande couverture nuageuse.

Un constat qui pourrait être aussi valable pour l’Antarctique, comme le suggèrent les auteurs dans leurs conclusions : « La production d’[aérosols de sel marin] provenant de la poudrerie devrait également jouer un rôle important dans les interactions aérosols-nuages-climat en Antarctique, compte tenu de la prévalence de la glace de mer et de vents violents. »

Lien vers l’étude : Gong, X., Zhang, J., Croft, B. et al. Arctic warming by abundant fine sea salt aerosols from blowing snow. Nat. Geosci. 16, 768–774 (2023). https://doi.org/10.1038/s41561-023-01254-8

Mirjana Binggeli, PolarJournal

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