Les Iqalummiut sont invités à économiser l’eau | Polarjournal
Le bon élément, le mauvais état (Photo : Soloviev)

La bonne nouvelle pour Iqalummiut est que les responsables de la capitale du Nunavut ne s’attendaient pas à ce que la pénurie d’eau potable atteigne des niveaux d’urgence avant la fonte des neiges. La mauvaise nouvelle, c’est que la forte demande en eau qui pèse sur l’approvisionnement signifie que la ville continuera à leur demander d’économiser l’eau jusqu’à ce que le réservoir puisse être réapprovisionné.

La vraie bonne nouvelle, cependant, c’est que cela aurait pu être bien pire. La recommandation d’économiser l’eau – par exemple en réglant les toilettes pour qu’elles utilisent moins d’eau lorsqu’elles tirent la chasse – pendant environ un mois sera en quelque sorte une promenade de santé pour Iqalummiut : pendant près de deux mois entiers à la fin de l’année dernière, il leur a été demandé de ne pas utiliser l’eau municipale après qu’il s’est avéré qu’elle avait été contaminée par du diesel. Malgré cela, l’avertissement sert à rappeler une situation que le gouvernement fédéral juge suffisamment grave pour qu’elle justifie un message direct (sinon virtuel) du premier ministre, Justin Trudeau, au conseil municipal d’Iqaluit comme quoi il dépensera 214 millions de dollars canadiens (156 millions d’euros) de fonds de reconstruction après catastrophe pour régler le problème.

Une partie de l’argent a déjà servi à réparer les fuites de tuyaux qui sont en partie responsables d’une augmentation de la consommation d’eau qui a ramené la demande à son niveau de 2018, lorsque la ville a été contrainte de déclarer la première des deux urgences en matière d’eau qu’elle a connues récemment.

La proximité d’Apex a éloigné le lac Geraldine de son nadir (Carte : Google Maps)

Ces fuites, combinées à l’excès d’eau utilisé par les particuliers et les entreprises pour rincer leurs canalisations après la contamination au diesel, ainsi qu’à l’incendie d’une décharge le 4 avril, qui a mis dix heures à s’éteindre nécessitant un apport d’eau supplémentaire pour éviter qu’il ne se rallume, ont fait baisser le niveau du réservoir du lac Geraldine par rapport à ce que la ville souhaiterait qu’il soit à cette époque de l’année. Mais comme ces activités sont en cours de réduction, on peut s’attendre à ce que la demande revienne à la normale avant que le niveau du réservoir n’atteigne un seuil critique. Dès le début de la crue estivale, les niveaux d’eau recommenceront à monter.

Les autorités municipales surveilleront de près leur progression et le temps qu’elles passeront au-dessus du niveau de préoccupation. Ce dernier avertissement intervient alors que le niveau du réservoir est revenu à la normale après que la deuxième crise de l’eau, en 2019, a donné lieu à un programme de conservation qui a permis de réduire la consommation d’eau de plus d’un quart. Dans le même temps, les efforts déployés par la ville pour rediriger l’eau de la rivière Apex vers le lac Geraldine ont permis d’en rétablir la capacité.

Malgré leur succès, ces deux mesures n’étaient que des solutions temporaires à un problème qui, d’ici à 2050, verra les besoins en eau de la ville doubler par rapport à la capacité du lac Geraldine. La solution à long terme de la ville consiste à utiliser les fonds fédéraux pour construire un tout nouveau réservoir (la zone bleu clair sur l’image ci-dessous) près du lac Geraldine, qui serait contenu par un barrage bas (les bandes de couleur moutarde) et qui pourrait être rempli par deux sources. Les travaux de ce projet à 64 millions de dollars canadiens pourraient commencer l’année prochaine et dureraient environ trois ans. En attendant, les Iqalummiut devront continuer à faire attention à leur consommation d’eau. Cela pourrait s’avérer être la meilleure des nouvelles.

(Image : Ville d’Iqaluit)

Kevin McGwin, PolarJournal
Image en vedette : Anick Marie

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