Les Territoires du Nord-Ouest en proie aux flammes | Polarjournal
Les feux qui ravagent le Canada depuis le début de l’année ont déjà brûlé 14 millions d’hectares de forêt. A l’heure actuelle, les Territoires du Nord-Ouest sont particulièrement touchés. Carte : Fire Information for Resource Management System US/Canada

Des dizaines de milliers de personnes évacuées, des millions d’hectares de forêts qui partent en fumée, des villes plongées dans la fumée. Les images en provenance du Canada témoignent des feux de forêt dévastateurs qui frappent durement l’ouest du pays, notamment les Territoires du Nord-Ouest. Avec des conséquences encore difficiles à prévoir pour la forêt boréale qui continue de brûler.

En mai dernier, les autorités des Territoires du Nord-Ouest (TNO) l’avaient déjà annoncé : l’été verra des feux de forêt ravageurs, conséquences notamment des températures élevées qui avaient touché la région durant le printemps. Les prévisions se sont malheureusement avérées exactes. Face à la situation, le gouvernement des TNO a dû déclarer l’état d’urgence le 15 août dernier et évacuer en partie sa population.

Depuis lundi toutefois, l’espoir renaît. Des températures plus fraîches combinées à des vents favorables et de la pluie permettent désormais aux pompiers des TNO de passer à l’offensive. Jusqu’ici, les combattants du feu avaient surtout dû se résoudre à limiter l’étendue et l’intensité du feu, surtout aux abords de Yellowknife. Si cette dernière a pu être vidée de ses 20 000 habitants, l’évacuation des zones habitées des territoires du Nord peuvent vite poser un problème logistique, les routes y étant plus rares que dans le sud du pays.

Tous les moyens étaient bons pour empêcher les flammes de dévorer la ville de Yellowknife. On a ainsi vu des hélicoptères enflammer la cime des arbres pour créer des lignes de feu alors que 160 hectares d’arbres étaient abattus pour créer une zone coupe-feu de 25 km. Photo : Capture d’écran City of Yellowknife / Facebook

Si l’on peut espérer que le feu soit contenu dans les prochains jours aux abords de Yellowknife, il n’en ira pas forcément de même pour d’autres communautés qui voient les incendies se rapprocher. C’est notamment le cas de Fort Smith et de Hay River dont les populations, respectivement de 3 500 et de 2 500 habitants, risquent de passer une semaine difficile en raison de l’imminence de l’évacuation.

Plus de 230 incendies font actuellement rage dans les TNO alors qu’un millier de brasiers détruisent des milliers d’hectares de forêt de la côte est à la côte ouest du pays. Depuis le début de l’année, c’est 14 millions d’hectares qui ont déjà brûlé libérant un milliard de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, selon les estimations du Service canadien des forêts. Soit l’équivalent de la production annuelle de dioxyde de carbone du Japon. Les feux de forêt qui sévissent cette année battent malheureusement tous les records.

Si les incendies affectent durement l’Ouest du Canada – les deux tiers des habitants des TNO ont dû quitter leur domicile –, ils touchent également tout le reste du pays. Ainsi, près de 170 000 habitants ont été évacués à travers tout le pays alors que des régions entières sont touchées par la fumée générée par les feux. C’est le cas du Nunavut qui a dû mettre en garde sa population, lui conseillant de limiter les activités intenses en extérieur et de garder portes et fenêtres fermées.

Quel avenir pour la forêt boréale ?

Au-delà de l’aspect humain, se pose la question de la réaction de la faune et de la flore dans ces incendies gigantesques.

Les forêts boréales peuvent se remettre des feux de forêt, qui font partie d’ailleurs de leur cycle normal. Le problème cependant réside dans l’intensité de ces feux, ainsi que dans les épisodes de fortes chaleurs et de sécheresses.

Les espèces végétales qui composent une forêt boréale connaîtront, à l’avenir, de plus en plus de difficultés à se régénérer dans des conditions désormais imposées par le réchauffement climatique. Ce qui devrait favoriser d’autres espèces au détriment des conifères. Photo : Gabriel Picard, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Comme le relevait Ellen Whitman, chercheuse scientifique sur les incendies de forêt à Ressources naturelles Canada à nos confrères de CBC Radio Canada, d’autres espèces, plus résistantes au feu, pourraient émerger et remplacer les espèces actuelles, modifiant ainsi le visage des forêts boréales canadiennes. Autrement dit, la forêt repoussera mais pas de la même manière, les conifères à aiguilles ou à cônes étant remplacés par des arbres à feuilles larges dans une forêt moins dense.

Certaines espèces animales, qui apprécient les espaces ouverts et herbeux pourraient en profiter comme le bison des bois ou l’orignal. A l’inverse du caribou qui risque de s’adapter moins bien à un habitat transformé. En outre, brûlage dirigé et restauration de zones humides pourraient constituer des solutions afin d’éviter dans le futur de voir des millions d’hectares partir en fumée dans des feux de forêt devenus incontrôlables.

Image de couverture : NASA

Mirjana Binggeli, PolarJournal

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