Windracer, des drones en Antarctique, nouveau projet du BAS | Polarjournal
Un groupe de Windracers ULTRA en formation de vol dans ce rendu. Les drones de l’entreprise du même nom doivent aider le British Antarctic Survey à étudier de grandes surfaces à l’aide d’appareils scientifiques embarqués. Une intelligence artificielle (IA) aide à maintenir les drones individuels en formation et à agir comme une volée d’oiseaux. Photo : capture d’écran de la vidéo Youtube Windracers

Les drones ont une réputation ambiguë. Souvent, ces engins volants sans pilote sont associés aux perturbations, au bruit, voire à la guerre. Pourtant, ils peuvent aussi être très utiles à la société, par exemple dans le domaine de la recherche. Dans le cadre de sa nouvelle stratégie de recherche, la British Antarctic Survey BAS mise sur une espèce particulièrement sophistiquée, dont le nom même indique clairement ce qu’elle est : les Windracers ULTRA.

Le drone de la société britannique Windracers ne ressemble pas à Sleipnir, le cheval à huit pattes d’Odin qui figure sur le logo de l’entreprise. Et avec une envergure de 10 mètres, le Windracers ULTRA n’est pas non plus très petit, mais le drone développé par l’entreprise britannique du même nom séduit par quelques innovations techniques remarquables et importantes pour le BAS. Il y a par exemple son autonomie, que l’entreprise annonce jusqu’à 1 000 kilomètres et qui permet, grâce à un système de pilotage automatique sophistiqué et inédit appelé « Masterless ™ », de décoller, d’atterrir et de voler avec une intervention minimale du pilote au sol. La charge utile, estimée à une centaine de kilos, et le fait que l’engin volant puisse alimenter en énergie des appareils scientifiques embarqués grâce à sa puissance de 200 watts, sont également des arguments en faveur du drone. En outre, le Windracers ULTRA, propulsé par des ailes fixes et deux hélices, est très silencieux et particulièrement peu polluant, ce qui va tout à fait dans le sens du BAS et de sa stratégie de zéro émission nette d’ici 2040.

Mais c’est la technologie SWARM des Windracers ULTRA qui constitue le plus grand avantage. En effet, grâce à l’intelligence artificielle, plusieurs drones peuvent fonctionner comme un essaim et voler ensemble au-dessus de zones contrôlées. C’est une aide précieuse pour la recherche sur les glaciers et la glace de mer menée par le BAS en Antarctique.

La vidéo de Windracers montre l’utilisation de la technologie SWARM et du système Masterless (TM). Vidéo_Youtube Windracers

L’utilisation de drones, en particulier dans l’Antarctique, ne fait pas l’unanimité. Les conditions climatiques extrêmes telles que le froid, les vents forts et les brusques changements de temps constituent un véritable défi. La perte d’un drone dans ces régions sensibles n’est pas seulement une question de coût, mais aussi une question environnementale en raison des dommages environnementaux potentiels et des perturbations de la nature fragile de l’Antarctique. Il existe donc des exigences strictes tant pour la technique que pour les pilotes. L’utilisation d’aéronefs sans pilote et d’engins sous-marins est décidée par le programme national antarctique responsable de la gestion de chaque secteur de l’Antarctique. Les pilotes de loisirs qui souhaitent simplement immortaliser leurs souvenirs de vacances avec des images de drones n’ont pas le droit de faire décoller leurs petits appareils. En revanche, de plus en plus de programmes de recherche nationaux misent sur l’utilisation de drones pour obtenir des données sur l’environnement et le climat de l’Antarctique de manière plus économique et plus sûre.

Dans sa stratégie d’avenir, le BAS mise également sur les petits appareils, comme l’explique le Dr Dominic Hodgson, directeur par intérim du programme de recherche du BAS : « Les drones nous permettront de collecter de nouvelles données scientifiques plus complètes de manière efficace, moins polluante et moins coûteuse que l’aviation habitée traditionnelle, avec l’avantage supplémentaire d’un niveau de sécurité plus élevé ».

L’appareil de l’entreprise basée à Southampton semble idéal pour les conditions extrêmes. En effet, le Windracers ULTRA doit pouvoir continuer à voler seul et en toute sécurité, même en cas de panne d’une hélice ou d’un ordinateur de bord. La confiance de l’entreprise repose ici sur sa stratégie selon laquelle « aucun ordinateur de vol individuel ne contrôle directement l’avion, de sorte que l’avion continue à voler en toute sécurité même si un composant tombe en panne ou fournit des données erronées », comme l’explique Windracers.

Carl Robinson, le responsable du département pour l’utilisation des drones au BAS, est lui aussi convaincu par l’ULTRA de Windracers : « La portée et la vitesse de l’ULTRA ainsi que la fiabilité des systèmes sont bien adaptées à l’environnement polaire et en font une plate-forme de recherche attrayante ». C’est pourquoi le BAS prévoit de tester le drone sous toutes ses coutures en conditions réelles cette saison. Les missions devraient comprendre l’observation de bancs de krill au-dessus de surfaces d’eau plus ouvertes, l’étude de structures tectoniques à l’aide de capteurs magnétiques et gravitationnels et la détermination de structures glaciaires de surface à l’aide d’un radar. En outre, le drone doit également tester une sonde pour mesurer les turbulences atmosphériques entre l’océan et l’atmosphère, ce qui représente une mission particulièrement difficile.

Chez Windracers, on est toutefois convaincu que leur produit passera la phase de test. « Notre engin volant autonome est capable de collecter un large éventail de données scientifiques importantes dans des endroits difficiles, voire impossibles d’accès. C’est essentiel pour l’avenir de la recherche dans des domaines très intéressants comme le changement climatique », explique Stephen Wright, cofondateur et président de Windracers. Pour lui, l’avenir de l’exploration de l’Antarctique et d’autres lieux sensibles et extrêmes réside dans la poursuite du développement technique des drones : « Les futures missions de drones pourraient inclure le largage de capteurs marins, l’étude de l’écoulement de l’eau sous la banquise ou l’exploration de zones inaccessibles aux plates-formes traditionnelles en Antarctique et au-delà ».

S’il a raison et que les Windracers ULTRA répondent aux exigences élevées, le cheval d’Odin pourrait bientôt apparaître plus souvent dans le ciel de l’Antarctique.

Dr. Michael Wenger, PolarJournal

Lien vers le site web de Windracers

En savoir plus sur le sujet

Print Friendly, PDF & Email
error: Content is protected !!
Share This