Le Groenland révise sa politique sur les ours polaires | Polarjournal
Au Groenland, il existe une relation ambivalente avec les ours polaires. D’une part, on veut les tenir à l’écart des hommes, d’autre part, on veut les voir, les montrer, les protéger et aussi les chasser. Les lois du gouvernement veulent tenir compte de tous ces aspects. Image : Michael Wenger

Lorsque l’on vit dans l’Arctique, il faut faire face à un environnement climatiquement rude, mais aussi au fait que l’on partage son espace vital avec le plus grand prédateur terrestre de la planète, l’ours polaire. La cohabitation n’est pas facile, surtout de nos jours, lorsque différents aspects comme le mode de vie traditionnel et la situation du roi de l’Arctique s’opposent. Au Groenland, le gouvernement tente de tenir compte de tous les aspects avec des lois et des règlements réactualisés.

Plus de protection pour les ours polaires du sud-est du Groenland, pour les femelles avec leurs petits, de nouvelles dispositions et une autorisation pour le tourisme des ours polaires et une gestion facilitée des ours qui pénètrent dans les habitations. Tels sont, en résumé, les points essentiels des nouveaux règlements relatifs à la gestion des ours polaires au Groenland, qui ont été récemment adoptés et publiés par le gouvernement groenlandais. Le Naalakkersuisut (gouvernement) souhaite ainsi s’adapter à la situation actuelle des animaux sur son territoire concernant économie, société et protection de la nature.

La chasse à l’ours polaire est défendue au Groenland et dans les autres régions arctiques comme faisant partie du mode de vie et de la tradition, et elle restera autorisée. Parallèlement, le Groenland souhaite également favoriser la recherche, la protection de la nature et le tourisme avec les nouveaux règlements. Image : Michael Wenger

Depuis un certain temps déjà, les lois et règlements existants qui régissent la cohabitation entre l’homme et l’animal au Groenland ont été critiqués par différentes parties. La gestion des ours polaires, qui apparaissaient de plus en plus dans les colonies, et l’augmentation du tourisme étaient particulièrement au centre des critiques.

D’un côté, il y avait (et il y a toujours) des défenseurs de la nature qui réclamaient une plus grande protection contre les chasseurs et les touristes, qui accentuent encore la pression sur la population d’ours polaires, et de l’autre, des chasseurs et des piégeurs qui s’offusquaient de la réglementation des quotas et de la lourdeur des lois, en particulier pour les ours qui s’approchent trop près des habitations.

Mais il y avait aussi les scientifiques qui ont montré qu’une nouvelle population d’ours polaires, mieux adaptée au changement climatique, vit dans le sud-est du Groenland et qu’elle doit être protégée.

Et il y avait aussi les représentants locaux et nationaux du tourisme, qui s’offusquaient du fait que les tour-opérateurs étrangers pouvaient montrer des ours polaires à leurs clients lorsqu’ils se promenaient dans les fjords, mais que l’on en avait soi-même été empêché par la loi.

Bref, les critiques ont fusé de toutes parts à l’encontre du gouvernement groenlandais. C’est pourquoi, pendant un mois, de nouvelles mesures et ordonnances ont été discutées et intégrées dans la loi « sur la capture et la protection des ours polaires ». Celles-ci sont désormais en vigueur depuis le 7 mars et le ministre compétent, Karl Tobiassen, est très satisfait du résultat, car des changements significatifs ont pu être obtenus.

L’un des nouveaux règlements prévoit qu’à l’avenir, toute personne souhaitant montrer des ours polaires à ses clients en tant que tour-opérateur groenlandais pourra le faire à condition de disposer d’un permis correspondant et de ne pas chasser les animaux. En outre, une distance minimale de 200 mètres doit être respectée et le prestataire doit pouvoir garantir à tout moment la sécurité des animaux et des personnes.

D’autres règlements traitent de manière plus intensive de la protection des prédateurs. Ainsi, la population nouvellement découverte au sud-est du Groenland est désormais protégée et ne peut plus être activement recherchée et chassée. En outre, les animaux ne peuvent plus être chassés au-delà des limites de la population et les femelles avec des oursons ne bénéficient pas des règlements allégés pour la gestion des « ours à problèmes », ce qui signifie qu’elles restent plus protégées.

Une série d’autres décrets redéfinissent également le traitement des ours polaires qui pénètrent dans les habitations. Ici, les chasseurs licenciés pourront à l’avenir abattre les animaux sans autorisation préalable s’il existe une menace. L’ours tué appartient alors au chasseur, qui peut vendre les produits qui en résultent, même sans autorisation officielle si nécessaire. Il suffit alors de déclarer la capture ultérieurement.

En outre, le gouvernement devra à l’avenir intégrer et prendre en compte le niveau de connaissance des chasseurs locaux lors de l’établissement des quotas de capture d’ours polaires. « C’est une bonne chose que le nouveau règlement d’application intègre les connaissances des chasseurs, de sorte que le gouvernement devra également en tenir compte dans le contexte de la fixation annuelle des quotas d’ours polaires », souligne Karl Tobiassen.

Son ministère de la Pêche et de la Chasse est responsable de la mise en œuvre et du contrôle des nouvelles lois. Nous verrons dans les années à venir si les critiques à son égard et à l’égard du gouvernement s’atténuent ou se taisent avec les nouvelles ordonnances dans leur ensemble.

Dr. Michael Wenger, PolarJournal

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