Le premier sommet international polaire aura lieu à Paris en novembre prochain, organisé par Olivier Poivre d’Arvor, avec la présence du président Emmanuel Macron. Une opportunité pour faire vivre le projet de loi de programmation polaire et affiner la stratégie française.
C’est la rentrée polaire française ! Jimmy Pahun, député centriste du Morbihan, est revenu du Groenland mercredi dernier, où il a suivi l’expédition Greenlandia à Ittoqqortoormiit. La semaine précédente, Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur français des régions polaires, revenait quant à lui du pôle Nord. Un hasard ? Non, l’agenda polaire français – du moins – prend de l’ampleur.
Deux mouvements avancent de conserve. La France déploie depuis 2022 sa stratégie polaire présenté par Olivier Poivre d’Arvor. Elle a été suivie d’une analyse financière de la recherche polaire. Puis par la proposition de loi de programmation polaire « correspondant à un effort financier total de près de 449,4 millions d’euros d’ici à 2030 », cosigné par Jimmy Pahun, Clémence Guetté et 10 autres députés de tout bord politiques.
Le One Planet – Polar Summit
S’ajoutant à cette lancée, le One Planet – Polar Summit réunira à Paris des scientifiques, acteurs polaires et politiques du 8 au 10 novembre 2023. L’événement, organisé par Olivier Poivre d’Arvor, abordera les enjeux climatiques, de biodiversité et de paix.
Des chercheurs de plus de 40 nations glaciaires et polaires ont été invités, parmi eux les experts du GIEC et de l’IPBES, ainsi que des ONG, des institutions internationales, des représentant de populations autochtones, d’entreprises privées et de leaders politiques (conférences ouvertes en ligne ici).
Ce seront deux jours de sciences le 8 et le 9 novembre au Muséum National d’Histoire Naturelle et une journée politique le 10 novembre avec la présence du Président de la République Française au Palais Brongniart. Une opportunité certaine pour discuter de la stratégie polaire française et de la proposition de loi de programmation polaire.
Cent quarante-deux millions
Cette proposition doit encore être adoptée par l’Assemblée. « J’aimerais que le gouvernement s’en saisisse, » commente Jimmy Pahun. La première ministre, Elisabeth Borne, pourrait alors défendre un programme scientifique, écologique et diplomatique. Cependant, la somme envisagée est assez coquette, mais nécessaire pour que la France se positionne davantage sur cette scène internationale.
La proposition de loi prévoit en effet 142 millions d’euros sur sept ans pour un « navire de recherche océanographique adapté à l’environnement polaire ». Le plan sera-t-il accepté ? Et avec quels autres moyens nautiques, sachant que les scientifiques souhaitent pourvoir se déployer plus souvent ?
D’un côté, l’Arctique devient incontournable, l’apanage des grandes puissances capables de s’y projeter. De l’autre, il réunit « climat, biodiversité et diplomatie », trois thèmes dont il est important de se saisir pour garantir un avenir stable.
Accroître la présence française
« Je défends l’idée du brise-glace, c’est une dépense immédiate, mais je soutiens cette idée-là, je l’ai bien vu, les Allemands en ont un, il y avait des chercheurs de l’Ifremer à bord du Polarstern, c’est une solution transitoire, l’outil est très important. Ce ne serait peut-être pas l’équivalent du Polarstern, peut-être un navire plus adapté pour rallier des régions de l’ouest du Groenland, comme Ilulissat. » explique Olivier Poivre d’Arvor.
Le gouvernement a déjà participé au financement de moyens nautiques, lors du premier quinquennat de l’actuel président, à l’occasion du projet France 2030. Le voilier polaire Persévérance de Jean-Louis et Elsa Étienne, actuellement en croisière dans l’Arctique, ainsi que leur projet de plateforme scientifique dérivante Polar Pod dans l’océan Austral. Sans oublier l’autre plateforme adaptée à l’Arctique de la Fondation Tara Océan : la Tara Polar Station. Elle sera construite dès l’automne.
La flotte de l’Ifremer est aussi capable de mener des opérations dans l’extrême Atlantique Nord, mais ne peut pas vraiment naviguer dans la glace. « Il y a aussi le projet de construction d’un nouveau Marion Dufresne qui devrait venir, je pense qu’il faut prévoir une meilleure gestion du parc navigant dans le futur, » commente Jimmy Pahun.
Des brise-glaces battant pavillon français sont déjà actifs dans les pôles. L’Astrolab, de la marine nationale, opère dans l’océan Austral pour la logistique de l’Institut Polaire Français une petite partie de l’année. Le Commandant Charcot, de la compagnie Ponant immatriculé à Wallis-et-Futuna, déploie des croisières de luxe et embarque quelques scientifiques à bord.
Il y a plusieurs approches pour accroître la présence française dans les pôles : redéploiement de la flotte, construction et accords avec des acteurs privés. Ce dernier aspect est sujet de controverses. Anne Choquet, juriste en droit polaire du laboratoire Amure, a lancé un programme d’étude sur le sujet de la science sur les navires de croisière.
« Une première réunion interministérielle sur les pôles a eu lieu début juillet, une seconde aura lieu d’ici à la fin de l’année. Il y aura la science, la défense, l’outremer, la transition écologique… pour que les actions puissent être coordonnées, » annonce l’ambassadeur des pôles.
Camille Lin, PolarJournal
Actuellement ambassadeur des pôles, Olivier Poivre d’Arvor a d’abord été écrivain, directeur de la radio publique France Culture puis ambassadeur de France en Tunisie.
Image : MEDEF / Wikimedia Commons
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